On nous menace de devoir ressortir du pays pendant 20 jours !!! Branle bas de combat, appel en France pour récupérer un acte de mariage qui arrivera trop tard, rendez-vous pris en urgence avec Saif, omanais du bureau de Pierre, chargé des papiers pour tenter de négocier un prolongement de visa, avant de pouvoir faire notre visa résident en bonne et due forme.
Devant le secrétaire qui tente de traduire notre lettre en anglais sur son clavier arabe, Pierre et moi échangeons des regards amusés : nous essayons de lui faire comprendre que Romane et Charline sont des prénoms, qu'elles sont jumelles, qu'elles n'ont pas le même numéro de passeport même si la photo est la même. Rien à faire, pendant près d'une heure, il se trompe toujours de passeport et recommence sa lettre sans arrêt et sans succès. Vu que tout est écrit en arabe, on a toujours des doutes. J'admire Pierrot et sa patience légendaire ici. Je comprends maintenant pourquoi il se plaint qu'il n'est pas toujours efficace au boulot. Il faut savoir respirer un bon coup et prendre son mal en patience régulièrement.
Au bout de 10 impressions, je pars avec les précieux sésames guidé par Saif pour l'obtention de la prolongation du visa. Il ne nous reste que 2 heures avant la fermeture des guichets administratifs. « You take your car. Don't worry. I drive slowly ». Ouf, il a une voiture rouge un peu voyante.... Je n'ai aucune idée d'où il m'emmène et j'ai intérêt à m'accrocher avec ma nouvelle petite Daiatshu style Mister Beans. « Slowly, slowly.... tu parles, il fonce droit devant sans mettre ses clignotants » et bientôt, je me retrouve avec 4 voitures rouges devant moi. « Mais c'est lequel ????????? ». Vachement originale la berline rouge de cake en Oman !!! Bon, on se calme, on respire un grand coup.... Je vais bien le reconnaître. Pas de chance, au volant, je ne vois que des petites koumas omanaises qui dépassent du siège..... Pffffffffff.... Bon, je tente au pif direction l'autoroute car une des voitures rouges met enfin son clignotant...... et je crois me rappeler que l'aéroport est par là. Bingo ! La voiture rouge m'amène vers un grand bâtiment tout prêt de l'aéroport. J'ai encore un petit doute quand je sors de la voiture, mais le visage sous la kouma m'adresse un grand sourire..... Ouf, c'est le bon.
Et là, je me retrouve dans une immense salle remplie à craquer de disdashas immaculées et de koumas. Pas une femme, pas un indien, pas un paki, pas un enfant, pas..... rien que des disdashas et des koumas !!! Inspiration....pffffff...... Instant de profonde solitude au milieu de la foule. Saif m'amène vers un siège et tout à coup, tous les sièges autour de moi se vident.....C'est étrange de voir que tout le monde est entassé et que moi, je dispose d'un bel espace autour de ma personne.....Quoi, je sens pas bon ? On va dire que c'est le respect de la femme, hein ! L''instant de solitude devient une éternité d'autant plus que Saif est parti en parlant de « take ticket ». Pas de blague, hein, j'espère qu'il va revenir.
Puisqu'il semble qu'il faut attendre, autant en profiter pour observer. Si les omanais sont tous habillés pareils, ils ont le chic pour trouver le détail qui fait la différence : les raybans clipés dans la disdasha ou portée sur la bouche (très à la mode mais pas très pratique pour discuter), la barbichette taillée en pointe ou à l'intégriste, les sandales de cuir à fine semelle glissante avec une ou deux boucles au choix et un diams qui scintille, le portable greffé à l'oreille ou en bandoulière....Je n'aurai jamais pu imaginer qu'il y avait autant de modèles de kouma.....et de styles de broderie. Tiens, je réalise aussi tout à coup que je vais avoir du mal à reconnaître Saif dans cette foule de clone. Le coté rassurant, c'est que lui au moins n'aura pas de mal à me retrouver !!!! Si il revient ......pffffff......
L'attente est longue et le petit coup fil de Pierrot me rappelle qu'« il faut savoir garder son calme et être patient en Oman ». Et reinspiration.....pfffff.... Cela va beaucoup mieux quand Saif arrive enfin avec son clin d'œil en coin pour me faire comprendre qu'il a réussi à magouiller des places dans la file d'attente. Et effectivement, 5 minutes plus tard, sous des regards hostiles, je me retrouve face au policier qui daigne me jeter un coup d'œil une fraction de seconde. Passeport, tampon, carte bleue.... « OK, no problem Madame, evrything is Ok »..... Un mois de répit et un long pfffffff de soulagement cette fois, en m'effondrant sur le siège de ma Mister Bean's car purple.
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