dimanche 22 février 2009

Grotesque ou Ridicule ?

Cela faisait longtemps que je n'avais pas poussé un « ptit coup de gueule ». Il faut dire que l'intégration au pays se poursuit en douceur et sans heurts, la marée rouge a disparu, le train-train quotidien nous berce au rythme de l'Oman.

Pourtant le weekend dernier m'a donné l'occasion de bouillir et de m'énerver toute seule. Il a suffit que je sorte la tête de la tente à 5 heures du matin, pour qu'une petite boule de colère, là, au creux du ventre, se mette à gonfler sans contrôle. Étrange vision de deux affreuses cabines de WC bleues campées avec affront sur la benne d'un camion conduit par deux pakistanais !


On reprend tout du début : c'est l'histoire de la Tribu des Wadis qui a voulu emmener une autre tribu de copains français pour leur faire découvrir un petit coin sauvage, un joli spot de grimpe tout beau, tout neuf dans le Wadi Dayqah. Belle soirée comme on les aime sous les étoiles face à la paroi éclairée par les rayons de lune. C'est notre petit spot préféré, car c'est là, que Pierre a tracé ses premières lignes de spits en Oman et on est déjà heureux à l'idée que chacun puisse se mettre (pour les plus petits) ou se remettre (pour les plus grands) à l'escalade le lendemain.




Sauf que........ le réveil est matinal et un peu brutal. Brouhaha de manœuvre et de coup d'embrayage, de ronflement de moteur, de palabres en arabe et une conclusion qui tombe comme un couperet : dans 8 heures, notre petit sport secret sera transformé en un restaurant bédouin qui accueillera une trentaine de touristes écossais plein aux as, venus goûter aux joies d'un raid 4x4 à travers les pistes spécialement tracées pour eux, et qui s'affaleront lourdement sur les gros coussins du Majlis le temps de prendre un repas servi pas des serveuses en habit traditionnel.

Oh, non, dites-nous qu'on rêve, c'est un mauvais cauchemar !

Ma boule de colère grandit mais c'est un peu la loi du plus fort, du plus gros, du plus c.... Puisque on ne fait pas le poids, nous choisissons la voie de la résistance.


On ne lève pas notre camps, on grimpe comme si de rien n'était,



on les regarde monter leur immense majlis,

installer la machine à shawarma, préparer les plats sous cloches, décorer les tables de bouquet de roses délicates,

recouvrir leurs affreuses cabines de WC bleues de tentures bédouines. Notre "cracheuse de café", habitante du fond du Wadi qui part chercher comme chaque matin l'eau avec ses bidons, n'en revient pas.


Ah, si seulement les petits frenchis pouvaient démonter leurs tentes et s'en aller. On sent bien qu'on fait « tâche » dans cette mascarade de faux camps bédouin pour mauvais touristes en mal d'aventure. Non, on est gaulois, on est têtu. J'y suis, j'y reste.


Ça téléphone au chef, ça s'active dans tous les sens, ça stresse. Le compte à rebours est lancé. Euh, ils amènent quand les chameaux à installer près du Majlis ? Et l'affreux chanteur rococo moustachu en chemise pelle à tarte et yeux de braise ?


Ma colère se transforme peu à peu en moquerie. Décidément, «GROTESQUE» sera le mot trouvé par Anne-Cécile et retenu pour cette journée. Le ridicule ne tue plus et la loi du fric n'a plus aucune limite.


13 heures : on planque les pakis. Mince, les frenchis sont toujours là ! Heureusement qu'ils ont plié leur camps.


Quinze 4x4 arrivent en fil indienne avec à leur tête un winner toute catégorie confondue ! « Crocodile Dundee » en fin de carrière avec bedaine chargé de whisky, chemise et short couleur sable et baroud. Très classe l'imprimé grosse « chauve souris » barré d'un BAT et l'index plein de sang qu'il lèche goulument pour essuyer sa blessure de guerre, une misérable piqure de moustique. Y' a de l'aventure dans l'air !

Les femmes en petits shorts et escarpins se ruent telles des tigresses sur la bouffe et sur les cabines de toilettes. « Ouahou, c'est absolutly incredible !». Friquées mais même pas distinguées !!!!

Allez, on en a assez vu. On capitule et on part rejoindre les pakis pour finir la journée dans l'une des vasques du wadi Dayqah.
Si les grimpeurs locaux avaient imaginé cela, ils n'auraient sans doute jamais appelé ce spot « Hôtel California » ?


Grotesque ou Ridicule ?

samedi 7 février 2009

Raid « Randonnée et Contemplation »

Ouf, on calme un peu le jeu et on fait redescendre la pression doucement.
Entre un beau 31 à 24, vautrés dans le majlis du Kargeen1 et deux larmes d'adieu à nos précédents visiteurs, les cousins ont posés leur sac à dos en Oman.


Un arrivage de cadeaux spécial « mamies » et des petites retrouvailles familiales qui rappellent la magie de Noël sous les palmiers dattiers.

On passera vite sur l'incontournable sortie au souk, la visite de la mosquée et la séance de Henné entre filles...




Et on marquera une pause pour reprendre sa respiration entre deux belles randonnées dans le massif du Wadi Bani Awf et du Wadi as Sahtan vers la face nord du Djabel Shams : simple bonheur de voir rapetisser les villages omanais pour finir par les contempler du haut, de croiser des gardiennes de chèvres aux pieds nus parties ramasser des ballots d'herbes en altitude, de s'encorder pour emprunter les voies bédouines aériennes pour atteindre le sommet.

Les sommets qui surplombent la vallée du Wadi Bani Awf

Le village de Balad Sayt : point de départ verdoyant de notre randonnée.




On ne coupe pas aux présentations de nos familles respectives
aux bergères croisées en chemin :
"Mais pourquoi avez-vous emmené des enfants ici ?" nous demandent-elles étonnées.


Balad Sayt en miniature
Main de Henné ou la protection contre le mauvais oeil




La remontée du Grand Snake Canyon : glagla... L'étroitesse des parois empêche le soleil de pénétrer ce gigantesque wadi sinueux.


La Face Nord du Djabel Shams : majestueuse au levé du soleil.



En équilibre aérien sur les voies bédouines
Pour délasser les jambes fatiguées, rien ne vaut un tour de bateau
avec Said à Bandar Keran.
Noé commence à maitriser le pilotage entre les fjords.

On en tirera un seul enseignement :
- Ce n'est pas parce que l'on est petit, qu'on n'a pas d'endurance. La relève des randonneurs dans la famille est assurée. Que les grands-parents se rassurent : cette lignée de marcheurs n'est pas prête de s'éteindre.....
1C'est les grandes tentes bédouines du restaurant incontournable à coté de chez nous. Ambiance omanaise et shisha garanties....


jeudi 5 février 2009

Raid Sébastien Loebe


Alors là, pour ce tour, on s'accroche !!!! Il suffit de louer un gros 4x4 bien vrombissant et d'avoir sous la main, celui qui souhaite endosser la combinaison de Sébastien Loebe.

Et chez nos deuxièmes visiteurs, on n'a pas vraiment eu de mal à trouver qui allait s'y coller.... Bertrand, notre grand gamin, ne s'est pas fait prier pour exaucer son rêve d'enfant : à fond dans les dunes, transportant une horde de gamins hystériques hurlant à grands cris « Vas-y la loebe !!! », pendant qu'Ingrid hurle aussi mais pas pour les mêmes raisons !!!!! Euh..... lob, c'est pas le diminutif de « lobotomisé » ?



Le pays sillonné de long en large en à peine 5 jours, avec :

De la marche dans le Wadi Tanuf













La via ferrata du Djabel Shams en fil indienne à 14













Un plan glauque resto « petit Futé » à Nizwa



Des sauts dans les sources d'eau chaudes du Wadi Bani Khaled


Une grotte pour les non claustrophobes


Un rendez-vous manqué avec des centaines de touristes à 4 pattes sur une plage en pleine nuit pour assister une pauvre maman tortue dans la ponte de sa progéniture. Mais où sont les tortues ?



Des bivouacs à la belle étoile reniflés par l'haleine fétide du fennec

D'autres enlisements car on aime toujours faire les malins

Des rodéos dans les dunes des Wahiba Sands















Des rencontres impressionnantes avec les femmes de Dark Wador



On en tirera les enseignements suivants :


- Pour ce raid « anti bio », il fallait oublier ses bonnes résolutions écolos..... Qu'on garde au chaud pour le 1er janvier 2009.


- La douchette des WC arabes dans les sympathiques toilettes des restos locaux peut permettre une excellente douche intégrale. Bertrand a testé pour vous....


- Un séjour avec Victor, déguisé en Abdallah (le petit ami de Tintin), met de l'animation au camps.


- Les plans touristes « petit futé » sont généralement à éviter, notamment la visite « ponte des tortues » entre le 25 et le 31 décembre.


- Le fennec est un animal sournois et malin, surtout lorsqu'il vient visiter le camps en pleine nuit pendant que certains dorment à la belle étoile. Il vaut mieux toujours monter sa tente en prévision du danger et ne pas laisser trainer ses tongs en cuir à l'extérieur. Hein, Jip !