vendredi 28 novembre 2008

Recette du Wadi Bani Kalhed

Prenez 19 guguss, tous de bonne humeur et d'âge différents (de 6 à 60 ans) et mélangez-les le temps d'une soirée bivouac sous les étoiles autour d'un barbecue. Laissez reposer toute la nuit sous la tente, dans le lit du Wadi. Au petit matin, épicez avec quelques chameaux et des enfants omanais prêts à donner un coup de main pour replier le camps.




Coupez ensuite le groupe en 2 en répartissant les quantités et les caractères de manière équitables. Séparez bien les couples mais veillez à conserver l'entité des familles. Les plus jeunes et les plus âgés doivent être particulièrement bien encadrés.

Disposez ces deux nouvelles mixtures à chaque extrémité du Wadi Bani Kalhed. Et lancez le top départ pour une remontée ou une descente aquatique et sportive. N'oubliez pas d'incorporer les traditionnels salamaleikoums aux femmes croisées sur le falaj.




Arrosez régulièrement d'un cocktail bien rafraichissant qui devrait virer peu à peu dans un camaïeu de vert, d'émeraude, et de bleu plus ou moins intenses.






Au bout de deux heures, contrôlez que les deux groupes se soient retrouvés au milieu du wadi et n'oubliez pas d'intégrer un nouvel ingrédient : l'échange des clés des 4x4 tout en partageant un pique-nique commun pour redonner un zeste d'énergie au bord des vasques turquoises.



Puis, replongez les deux mixtures dans les eaux glaciales et laissez les poursuivre leur évolution réciproque.
Encouragez les faiblissants, réchauffez les frigorifiés, et surtout applaudissez les plus intrépides qui n'hésitent pas à faire des sauts de plus de 6 mètres de haut. Cette suggestion du chef contribue grandement à la réussite de cette recette.

Attention, il peut arriver qu'il y ait des éléments qui se détachent de l'ensemble et qui s'arrêtent en chemin pour des raisons de santé : épaule déboitée par exemple. Veillez à bien les récupérer au passage.

Au bout de 3 ou 4 heures suivant l'endurance des groupes, l'aventure du Wadi Bani Kalhed devrait être achevée. Les deux mixtures doivent avoir récupéré les 4x4 et s'être retrouvées au point de départ. Il ne reste plus qu'à ajouter une bonne pincée de fatigue, un brin d'échange d'impressions autour des 4x4 et de saupoudrer le tout par des ronflements dans la voiture au retour sur Mascate pour déguster pleinement le Wadi Bani Khaled.


Recette donnée par le chef « iss mi Louke » mais réellement testée pour la première fois ce WE du 13 et 14 novembre.

mardi 25 novembre 2008

J'aime regarder l'expat

J'aime,
J'aime regarder l'expat qui roule en gros 4x4,
qui fréquente « LE CLUB L'INTERCONTINENTAL »,
Cocktails à l'ambassade et golf dans le sable,

J'aime,

J'aime regarder l'expat qui de son air pédant,
méprise le local et critique l'Oman,
donnant des ordres fermes à la femme de ménage
J'aime


J'aime regarder l'expat qui vit en autarcie,
qui connait ni tortue, ni même un seul wadi,
qui s'en va l'vendredi à Dubaï faire du ski,
J'aime

J'aime regarder l'expat qui roule en coupé sport,
Surveille le cours de l'or et celui du pétrole,
Économise encore pour acheter le hors-bord,
J'aime


Un expat : un vrai avé le 4x4 au nom de la boite....



Et oui, c'est drôle comme l'expat qui peut être un être si différent dans son pays d'origine, devient tellement universelle à l'étranger. Que l'on soit à Vientiane, à Tananarive, à Brazaville, à Mascate, l'expat en mission a toujours le même profil.


Il adooore vivre ici car il y a certains avantages que l'on n'a pas à Londres, à Paris, à New York.... Lesquels ? Le pays ? Les gens ? .... Pouah, non, surtout pas le pays, ni les gens. Cela n'a aucun intérêt, si ce n'est de critiquer la population locale, qui conduit mal, qui crache par terre, qui parle arabe, qui fait ramadan ......

Non, ce qui vaut le coup ici, c'est le soleil et les palmiers de la piscine de l'INTERCON1, rouler en grosse bagnole lustré chaque jour par le « petit » jardinier, dîner le soir en amoureux dans un palace ou au buffet de l'ambassade, être gentil avec ses deux maids2 à plein temps « car c'est confortable ! », fréquenter d'autres expats « hypeeeeeer interessants » car avec eux au moins, on peut avoir des conversations « hypeeeeeeer interessantes » en critiquant les omanais et en partageant les mêmes inquiétudes face à la crise des subprimes, se faire 2 ou 3 weekends par an, entre expats en visitant les 2 ou 3 pièges à touristes du pays et mieux, aller 2 fois par mois claquer son fric aux Emirats.... « Comment, vous ne l'avez pas encore fait !!!! Mais c'est absolutly à faire !!!! ».

Vite, fuir tout cela ........


Heu...... finalement, on va se la jouer quand même profil bas. On avoue qu'on a déjà un certain nombre des ingrédients de l'expat : le gros 4x4, la femme de ménage (seulement 3h par semaine, hein !), l'inscription dans un hôtel pour avoir la piscine pour les enfants et entretenir sa forme en jouant au hamster sur les tapis roulants, imaginer consacrer un de nos WE pour aller visiter Dubaï et y constater qu'une petite partie du monde marche sur la tête........ Mais rassurez-vous, même en cas de « neigeoïte aigüe », par éthique, on boycottera le dôme de la station de ski en plein désert !


Et voici en exclusivité et en images, ce qui se passe quand l'expat veut faire le kéké dans la dune de sable à 10 mètres de la route pour épater ses enfants......


Au départ, les roues sont juste un peu enlisés et femmes et enfants creusent à la main. Mais.......

Très vite, deux ou trois omanais en disdashas bien blanches et raybans s'arrêtent pour "aider" et prendre les choses en main. N'oubliez pas : le 4x4 s'est planté à 10 mètres de la route !!! Notez que c'est l'expat qui pousse et que c'est l'omanais qui se met au volant.


L'expat émet des doutes sur la technique omanaise..... Mais heureusement du renfort arrive : d'autres disdashas et raybans aux sourires bien goguenards et avec des "ça va bien ?" en français.


Après 4 changements de conducteurs, le 4x4 s'est certes un peu désenlisé mais pas dans la bonne direction..... Juste échoué au sommet de la dune avec un beau saut d'1,50 mètre en perpective. "Ca va toujours bien encore" avec l'accent omanais et resourires goguenards. Nouvelle technique envisagée : on dégonfle les pneus en les mettant à plat et astuce suprême, on utilise ses clès de contact pour le faire.


Toujours pas de problème : on a peur de rien, on tente le saut en marche avant.....
Et là, le neurone de l'expat se remet à connecter : c'est son 4x4 et il y tient quand même. Il sugère une nouvelle tentative en marche arrière. La fumée, c'est juste l'embrayage qui est en train d'être bousillé. L'omanais ne sait pas passer la marche arrière et pour mieux faire ronfler le moteur, il est en sixième !!!
Résultat des courses : au final une démonstration musclée de conduite sur le sable pour épater l'expat, un embrayage foutu qui sent le chaud et une galère pour trouver une station pour regonfler les pneus.
Là, l'expat, on peut dire que tu es un sacré chanceux et je crois qu'on peut considérer que ce jour là, tu as eu ton aventure annuelle !

1L'intercontinental, c'est l'hotel incontournable féquenté par l'expat français. Il le prononce à l'américaine, "tu viens à l'interconnnn this afternoon".... car c'est nettement plus classe et plus branché ! Et puis, on n'est pas con, hein !
2Bonne à tout faire et nounou d'origine indienne, sri lankaise, philipine.... Ah, non, non, non, j'ai jamais dit "esclave moderne".....

samedi 8 novembre 2008

Wadi Suwayh ou Wadi Al Hail

« Wadi Suwayh ? C'est par là, à gauche..... ». C'est ce que nous indique en arabe un villageois après nous avoir invité à prendre la traditionnelle tasse de café. Refus poli car on est un peu pressé. Trois heures de marche pour remonter le wadi et trois heures pour le descendre, c'est juste en temps. On verra au retour.... et on traverse le village à pas de velours pour éviter une nouvelle invitation qui serait difficile à décliner.


Le topo n'est pas précis : « suivre le falaj à droite ou à gauche du Wadi ». Concentration d'équilibriste pour contempler l'eau pure et limpide qui défile entre nos jambes jusqu'à en faire tourner la tête.

On imagine le travail pour construire ces petits canaux qui serpentent au milieu des jardins et qui nous facilitent grandement la progression. Le falaj, c'est la « source de vie » en Oman.....Presque tous les wadis possèdent le leur, ce qui permet d'alimenter en eau les villages et les cultures en terrasse. Des milliers et des milliers de kilomètres de falaj partout dans le pays tel un écrin pour protéger cette eau précieuse dans cette terre si aride.....


Le cagnard tape fort et toujours pas de vasques d'eau ou de biefs profonds en vue comme on nous l'avait annoncé. Plus d'une heure de marche dans des blocs à contourner, escalader, desescalader, enfourcher, se « rétamer ».....C'est fatigant pour des petites jambes d'enfants.


Enfin une belle vasque d'eau pour récompense. Juste fermer les yeux et se laisser flotter. Les rouvrir et contempler l'immensité des falaises autour, qui nous surplombent, presque menaçantes.


C'est pas possible, on a du se tromper d'itinéraire ! Pierre, Marc et Serge poursuivent l'exploration pour arriver dans un espèce de bout de monde : un grand cirque qui referme le Wadi avec un semblant de village à moitié effondré et encore plus loin sur les hauteurs, un homme seul qui crie et appelle au loin. Un berger ? Étrange sensation d'isolement et de solitude.


Vivre seul avec ses chèvres aux confins du monde et de la société de consommation, comme aux temps de la préhistoire. Cela laisse songeur.....

De toutes évidences, nous nous sommes trompés de Wadi. Le topo du Docteur Khaled nous le confirme au retour. Il fallait prendre le Wadi qui partait à droite du village. Ah, on est un peu en pétard contre notre villageois ! Pourtant ce n'est pas lui qui nous a induit en erreur. Les rares renseignements glanés ci et là n'étaient pas précis sur le nom et c'est de là que vient la méprise. Le wadi avec des eaux profondes et limpides s'appelle Al Hail même si on l'appelle communément Wadi Suwayh. Le topo du Dr. Khaled nous donne une nouvelle info, et non des moindres. Il nous dit « dans le Wadi Al Hail, je n'ai jamais vu autant de serpents nulle part en Oman ». Gloups..... Je sens que la phobie de Pierrot refait surface et qu'il va falloir jouer fin pour le convaincre d'y retourner.

Quinze jours plus tard, deuxième tentative d'exploration. En famille (juste nous) cette fois. On évite le village et l'invitation pour un café qui va de soi, et on ne traine pas sur le falaj. On lance des « salamaleikoum » en détournant le regard des femmes dans l'intimité de la toilette du petit matin. On croise des visages étonnés de nous reconnaître et on serre des mains tout en caressant les chèvres, le pied en équilibre sur le bord du falaj à 2 mètres du sol.





OUAHOU..... Cette fois, c'est le bon ! Très vite, on découvre les vasques promises qui sont exceptionnelles. « Presque aussi beau que les canyons corses ! » concédera Pierrot car il faut savoir garder un brin de chauvinisme ! La réalité est que le Wadi Al Hail est tout simplement majestueux de beauté et pendant les 3 heures de remontée, on en prend plein les mirettes.


Du bleu, du vert, de l'émeraude




On est tout excité et Noé se jette dans les traversées de grandes vasques pour nous prouver qu'il a fait de grands progrès en natation. « Regarde Papa, j'arrive à faire 80 mètres comme dans la piscine ».


« NOEEEEE, STOPPPPPP ! » hurle Pierrot, juste avant que Noé n'agrippe le rocher pour remonter. A quelques mètres de sa main, un long fil noir qui ondule, posté à l'affut des grenouilles et des petits poissons près de la cascade. Une bonne frousse rétrospective et un petit aperçu de ce que nous réserve la suite..... Changement d'attitude : on arrête de faire n'importe quoi. Désormais, on ouvre les yeux et on regarde où on pose les mains et les pieds pour progresser en file indienne derrière « papa ». ½ heure plus tard, c'est moi qui invite toute la troupe à faire demi tour à la nage, car je viens de voir un autre serpent légèrement plus gros, se glisser lentement dans l'eau à notre approche !!!! Romane et Charline d'un seul cri aigu : « Maman, est-ce que c'est un anaconda ? »......... Ssssssss, cela devient intéressant....


En discutant avec Dr. Khaled le lendemain, il nous apprendra que selon lui, les serpents que nous avons rencontré ne sont pas très dangereux et même s'ils nagent sur et sous l'eau, ils ont du mal à mordre dans l'eau.....Regloups ! C'est juste ce que que l'on avait envie d'entendre ! Résultat des courses : 4 serpents pour un seul Wadi, de quoi faire quelques cauchemars la nuit suivante....


Le serpent de Noé qui maitrise presque la technique du nœud en 8.
Et d'autres habitants plus sympathiques des Wadis : les gracieuses libellules rouges ou bleues.





Sur le chemin du retour, on oubliera très vite ces mauvaises rencontres pour ne retenir que le sourire illuminé du villageois, lorsque Pierrot lui offrira sa corde d'escalade rose fluo pour attacher ses deux ânes.

On ne connait pas ton nom, mais c'est nous qui te disons « shoukran» de nous avoir laissé explorer ces deux trésors cachés..... On reviendra et cette fois, on prendra le temps de partager un café.

mercredi 5 novembre 2008

La Grande Mosquée



Mitterand a sa Grande Bibliothèque, Houphouët Boigny sa Basilique de Yamoussoukro, Sa majesté le Sultan Qaboos a LA GRANDY MOSQUY DOU SOULTAN QABOOS. Au cœur de Mascate, impossible de la rater pour tout visiteur qui traverse la capitale puisque on la voit directement de l'autoroute centrale.

Un bel édifice moderne, construit en 2001 qui peut accueillir plus de 20000 fidèles. Honnêtement, plus jolie de nuit que de jour.......Mais il faut tout de même reconnaître que l'imposante silhouette de la mosquée ne laisse pas insensible.


On profite du calme de ces vacances de la Toussaint pour aller la découvrir avec mon amie Fabienne et ses enfants. Pour les filles, déguisement d'omanaises et voile obligatoire. Le contrôle vestimentaire à l'entrée est stricte, notamment pour Fabienne qui a failli rater son examen de passage : jupe trop courte car laissant apercevoir une cheville......

Tête, poignets et chevilles doivent être couverts. Tête baissée et se confondant d'excuses, on négocie pour faire descendre un peu la jupe en tirant dessus. Il manquerait plus que cela fasse style « taille basse » en laissant apparaître une fesse !!!! Ouf, on est rentré malgré la dizaine de panneaux qui nous rappellent que la visite de la mosquée est interdite aux enfants de moins de 10 ans. Pour nous, 4 sur 6 sont concernés (dont un de quatre ans), les gardes n'ont pas vraiment le compas dans l'œil....



Le gigantesque lustre qui illumine la salle de prières des hommes de ses 1122 ampoules est à retenir ; ainsi que le grand tapis persan d'une seule pièce de 4263 m2 qui aurait été entièrement tissé à la main durant 4 ans en Iran.




Quand à la salle des femmes, no comment..... C'est de cette petite salle simple et sans fioriture, qu'elles peuvent suivre le prêche de l'imam sur des écrans de télévision..... Cela en dit long sur la place de la femme dans les pays musulmans. Mais après tout, cette simplicité et ce côté moins « tape à l'œil » ne me déplait pas.



Cette visite est un bon moment de rencontres. Les omanais sont heureux d'échanger quelques mots en arabes avec les filles (avec leurs 2 heures d'arabe hebdomadaire, elles nous ouvrent des portes). Pour eux, c'est étonnant de voir ces enfants européens qui s'intéressent à leur culture. Comme d'habitude, Noé s'est fait un nouvel ami. L'un des gardes nous accompagne dans les jardins en lui tenant la main et en l'appelant « Noé, ma little friend » .....




Le nouveau copain de Noé


Nadia, une jeune femme omanaise qui ne parlait pas anglais mais qui a quand même sympathisé avec les enfants en arabe ....



Et d'autres omanaises..... Non, celles là, c'est les nôtres !