lundi 15 juin 2009

Nos copines de natation synchronisée


Elles sont au moins 6 fidèles naïades à partager notre cours de natation synchronisée deux fois par semaine aux alentours de 16 heures à notre « private creek » .

Il y a la facétieuse Charlotte tout d’abord, la plus joyeuse et rigolote de la bande, qui aime la compagnie. Souvent la première au rendez-vous, elle adore évoluer dans l’eau en tournant son long cou pour mieux nous observer ou en nageant sur le dos pour synchroniser les mouvements. Elle enchaine les figures de style : la godille, la ventrale et le voilier n’ont plus de secret pour elle. Attentive aux autres, elle n’hésite pas à freiner l’allure pour qu’on arrive à la suivre. Et le contact d’une caresse ne semble pas lui déplaire….

La grosse Hortense, qui malgré son embonpoint reconnaissable entre toutes, possède une grâce incroyable quand elle entame un ballet aquatique. Attifée de deux petits poissons pilotes à l’œil rond qui la guident dans les méandres des récifs coralliens, elle sait aussi s’esquiver lorsqu’elle en a assez. Rapide comme l’éclair, en deux coups de nageoire, elle peut prendre le large.



Il y a aussi les deux coquettes Mélodie et Déborah. Toujours sur leur 31, avec leurs petits coquillages blancs portés avec élégance sur leur carapace. L’une à gauche, l’autre à droite. Avec elles, tout est dans la grâce et l’apparence. Des nymphettes qui défilent comme des stars de mode. Pas facile de trouver son style.


La toute petite Mélusine, encore malhabile mais si mignonne quand elle tente une pirouette et qu’elle ne maitrise pas encore parfaitement l’apnée. Elle a encore souvent besoin de sortir sa tête de l’eau pour reprendre sa respiration. Mais ce petit bout de tortue au regard toujours effarouché commence à évoluer plus doucement et à s’apprivoiser.


Enfin, la plus incroyable et atypique, découverte depuis quelques semaines : la petite Zoé qui ne sait pas nager mais qui se déplace en marchant sur le sol en appui sur ces nageoires tel un caméléon et en tournant la tête d'un air intrigué quand elle sent une caresse sur sa carapace. Pas question pour elle de se joindre au ballet et de tenter des figures : déterminée dans sa marche sous marine, elle semble toujours savoir où elle va et rien ne l’empêche d’avancer lentement mais surement. Le lièvre n’y gagnera pas !

Mais avant que le groupe ne se forme pour une chorégraphie, il faut tour à tour aller les débusquer au détour d’un rocher, survolant un massif de corail, se reposant au fond de l’eau les yeux mi clos, dévorant des algues à pleine nageoire ou déjà en plein entrainement d’arabesques sous marines.

Mélodie, surprise en pleine sieste vespérale.
Ces demoiselles aiment se faire prier ! N’est pas artiste qui veut et une naïade est souvent capricieuse. Mais lorsqu’elle est décidée, le ballet peut commencer.

Les poissons coffres et porc épiques se mettent à gonfler tels des ballons de baudruches,
les petits « arabian fishes » enfilent leurs costumes rayés de jaunes et noirs et entament une partie de cache-cache, virevoltant au détour des coraux violets,
les lizards fishes sortent de leur camouflage dans le lichen marin, la murène en reste bouche bé, les langoustes agitent leurs antennes pour rythmer le tempo, les sèches activent leur rayon fluorescent pour éclairer la scène, les raies mantas déploient doucement leurs ailes en remuant le sable pour des effets fumigènes, les oursins tropicaux soulèvent les paupières et écarquillent leurs yeux blancs au milieu des épines géantes, les poissons perroquets bleus en deviennent tout rose dans un claquement de bec,
les poissons papillons laissent onduler leurs élégantes ailes oranges et bleues,
les sardines en rang serré virent de bord simultanément dans l’unisson et sans cacophonie
et même la dorsale d’un petit requin gris s’esquive au pas de course (vu pour la première fois, non sans une petite frayeur, cette semaine - pas eu le reflexe de prendre une photo).

Le récif corallien se meut en symphonie féérique. Sans musique pourtant, dans le monde du silence aux doux bruits feutrés. Explosion de couleurs, de mouvements gracieux, d’eau qui glisse le long des corps, de petites bulles de fêtes qui s’échappent du tuba et de mouvements langoureux de nageoires pour suivre la chorégraphie sous marine.

C’est notre plus grand plaisir d’Oman. C’est ce qui nous manquera le plus ….

dimanche 7 juin 2009

Oh, Marius, il est pas frais mon poisson ?

L’odorat est mis à rude épreuve lorsque l’on franchit les portes du marché aux poissons de Mutrah. Mieux vaut ne pas être trop sensible aux odeurs et garder ses sens en éveil pour lutter contre le dégout. Mais malgré ma faible résistance de ce coté là, la curiosité l’emporte.



A deux pas du souk du vieux quartier de Mascate, abrités sous des halls, les pécheurs proposent leurs montagnes de poissons, tous les matins, dès les premières heures du jour. « Ca fouette là-dedans » même si la mer n’est pas bien loin. « Il est pas frais mon poisson ?». « Euh, si Marius, plus frais que celui de Mohamed… ». C’est pas la Canebière mais cela pourrait y ressembler, fan de chichoune



"Et Jeannette, vé comme il est beau le poisson aujourd'hui.... "

Drôle d’impression. Je me sens comme observée de tout coté, par de gros yeux ronds globuleux qui me fixent sans vie : des bancs de requins, des thons hors norme (là, j’exagère, pas aussi gros quand même que ce que Marius regarde à la piscine de l’Intercon), des poissons perroquets, tiens du Hamour (mérou) mon poisson préféré en papillotes, des rascasssssssses (Mais non, Marius, là je te crois pas, ici, c’est l’Océan Indien, on n’est pas en Méditerranée, en revanche, tu as raison, les pescasses ici, ils sont gros comme ça ! Et tu peux me croire, je suis pas marseillais ! Choufe moi ça).
On négocie sa pièce, on la pèse et on peut la faire découper par des pro de la machette.




Tchic, tchac, en deux temps, trois mouvements, emballé, c’est pesé, le poisson, il est tout escagassé. Les brouettes n’ont plus qu’à se frayer un chemin entre les rigoles de sang et de déchets pour ramener la précieuse cargaison à la voiture. Plus qu’à mettre le filet d’huile d’olive et on se croirait chez Francis, au Vieux Port, en face de la Bonne Mère.

Bon, la maman des poissons, elle a bien l’œil tout rond, c’est vrai qu’on la préfère avec du citron. Mais moi, Marius, tu vois, je l’aime encore mieux au fond des mers d’Oman à nager entre les coraux. Au moins, Marius, celui là, non seulement, il est super frais ton poisson, mais en plus, il est super beau….. Je peux pas te décrire les couleurs, jamais, tu me croirais, fan de pied….

mercredi 3 juin 2009

Grimper en Oman

Si je vous montre ça….

Ca vous fait quoi ? Pour ceux qui se disent « quesako ? », autant zapper cette page et attendre le prochain article. Pour ceux qui entendent déjà le doux cliquetis des mousquetons qui s’entrechoquent, qui sentent déjà les doigts qui se contractent et entendent raisonner l’écho des « vaché », « sec », « du mou », cet article est pour vous....

Si j’ai mis beaucoup de temps avant d’écrire quelque chose sur la grimpe en Oman, ce n’est pas parce que nous n’avons pas eu l’occasion de la pratiquer (bien au contraire, la majorité de nos WE d’hiver, y ont été consacrés), mais parce qu’ici, la grimpe est en évolution. Tout reste encore à faire….

En arrivant, nous savions qu’il existait déjà pas mal de grandes voies non équipées à 3 ou 4 heures de Mascate et quelques petites écoles d’escalade (à plus d’une heure de route). Pour la partie grandes voies en terrain d’aventure, on a été obligé de laisser tomber, car ce concept est difficilement conciliable avec celui de la famille.
Quelques voies sont tracées dans les tours d’Al Hamra, ou encore dans les faces Nord du Djabel Shams. Mais c’est des voies peu équipées et assez engagées (prévoir toute la quincaillerie et en particulier des gros hexentrics). Pour ceux qui cherchent des infos plus précises, contacter Joggl sur Oman Climbing qui a réalisé un guide de toutes les voies TA du pays.
Le rocher n’y est pas toujours très bon et il ne faudra pas compter sur un quelconque secours en cas de pépin. INTO the WILD…. ici, c’est l’aventure, la vraie…. …. A retenir que le plus beau spot reste sans doute celui de la haute vallée de TIWI.

Voie « Juliette Jauffrey », falaise de Mibam -Wadi Tiwi

Au Musandam aussi, le potentiel semble exceptionnel tout au long des profonds fjords. Mais à l’évidence, pour explorer ces falaises mystérieuses, il faut avoir du temps (7 heures de route depuis Mascate), et s’organiser avec les pêcheurs du coin pour se faire déposer et récupérer depuis la mer. C’est un vrai projet de voyage… Un jour peut être ….

Pour nous, qui n’étions libres que les WE, la grimpe s’est résumée à un tour des écoles d’escalades existantes. La grimpe sportive a été réellement initiée il y a quelques années par les célèbres «Patrick et Nathalie », un couple de français dont les noms résonnent encore dans de nombreuses falaises. Ils ont consacré quelques années à l’équipement de voies d’escalade, à la création de deux itinéraires de via ferrata et au canyoning. Depuis, d’autres voies ont vu le jour grâce aux grimpeurs locaux d’Oman Climbing et à quelques grimpeurs de passage durant la saison d’hiver. Un don de spits donnés par PETZL à la communauté grimpante omanaise (merci Bibiche !) et acheminé par petits colis successifs depuis la France (merci les visiteurs), un perfo et le tour est joué pour augmenter le potentiel de « new routes ».


Pour les grimpeurs toujours motivés, voici un aperçu en images de nos petits spots préférés (plus de précisions sur les topos sur le site d’Oman Climbing). Amateurs d’ouvertures, il reste beaucoup à faire en Oman mais chaque projet demande beaucoup de patience, de précaution et de temps. Car sous l’effet des contraintes climatiques extrêmes, le calcaire local, souvent très dur, se fracture et s’altère en écailles de toutes tailles et plus ou moins solides. Casque et vigilance sont donc de rigueur, même dans les voies équipées de spits.

Le Secret Canyon.
A 1 heures de Mascate, et sans marche d’approche, c’est un très beau site de grimpe ouvert en majorité par Bill and Kim, nos américains préférées. Un four en été…. Les voies y sont plutôt longues mais pas difficiles.

On y a passé un certain nombre de WE à voir dégringoler des cailloux pendant que Pierrot équipait son projet de l’année: «Grigri d’amour », une voie en 3 longueurs, que l’on a quand même répétée à 3 avec Noé, tel un petit saucisson pendu au bout de la corde.

Pierrot (point minuscule à rechercher sur la falaise) en train d'équiper le "Grigri d'amour" 6b, 6a+, 5. Sous le regard amusé des jeunes omanais.

3 sites dans le Wadi Dayqah

« Welcome to the Hotel California, it’s lovely place”….
Génial pour passer un WE d’hiver (sauf quand un tour opérator a choisi d’y poser un majlis…). Tentes dans le sable au pied des voies, grimpe facile sur un assez bon rocher gris en fissure et dalle, petite vasque d’eau à 5 minutes pour se rafraichir. Ouvert cette année, ce sport a remporté la première marche du podium dans le cœur des enfants. Et au bout de la route, l’habitante du Wadi, notre « cracheuse de café » qu’il faut absolument aller saluer….. 4 étoiles bien méritées !

« Le Rocher des vautours »
Le site est peu fréquenté car le cours du lit du wadi s’est beaucoup modifié depuis le passage du cyclone Gonu et certains premiers points se retrouvent maintenant très haut au dessus du sol. Escalade parfois engagée mais cadre et rocher superbes. Les cotations sont plus dures (voies de conti sur bonnes prises) et il n’y a pas de voies faciles adaptées aux enfants ou débutants.

«Middel Canyon» : Sympa en diversité de style de grimpe et dans les cotations. Il y a même quelques belles voies d’initiation pour les enfants.

Ca grimpe des deux cotés du wadi Dayqah en regardant passer les pickups bondés d'omanais qui reviennent du marché.


Hadash
Voies courtes, difficultés variées, cadre sympathique et calme, ce site permet de jongler avec l’ombre et la fraicheur de la moyenne altitude aux intersaisons.
C’est un beau coin pour découvrir le Wadi Mistall et le Ghubayrah Bowl, traverser le joli village d’Hadash aux murs décorés et passer une journée de grimpe en famille.


En dehors des chèvres du village, on y a aussi rencontré d’autres espèces de bêtes à cornes moins sympathiques. Chaud mes fesses !


« La Gorgette »
Etonnement, on n’a pas vraiment eu le temps de fréquenter ce site majeur, le plus connu de l’Oman car il est déjà assez loin de Mascate. Voies dures et esthétiques. Présence d’un village très (trop) proche. Il faut dire aussi qu’on a mis notre énergie à l’équipement du nouveau spot qui se trouve 500 mètres au dessus : Sharaf Al Alamein.

Sharaf Al Alamein

Notre coup de cœur de fin d’année. En altitude à 2000 mètres, au sommet du col du même nom, qui domine la vallée du Wadi Bani Awf, c’est un magnifique belvédère pour grimper au frais en été. Un peu loin de Mascate tout de même (3 heures de route : il est judicieux de prévoir le bivouac au col ou en contrebas), une huitaine de voies ont été ouvertes et équipées.

Quelques voies en TA de plusieurs longueurs remontent jusqu’à la crête sommitale.

Le style d’escalade a un petit coté drômois ou des alpes provençales. Et on n’est pas chauvin ! Et puis, la tribu des Wadis y a laissé sa signature avec une longue et belle voie en 6a, qui a été répétée par chacun des membres de la famille pour qu’elle puisse justifier de son nom.

Les filles dans "La Tribu des Wadis"



Un berger local intrépide a déjà fait la première en solo et pied nus …pour aller nous piquer la corde fixe. On en est encore ébahi !

DWS
Enfin, le tour de la grimpe en Oman, ne pourrait se conclure sans le fameux DWS, initiales complètement mystérieuses pour le néophyte… Le DWS, c’est ça :

Deep Water Solo sur les falaises de Bandar Al Jissah. Avec le retour de la canicule, c’est le rendez-vous des jeunes grimpeurs/bloqueurs canadiens, anglais, dubaïottes… chaque vendredi. Une règle du jeu simple : On prend une barque de pêcheurs, on se fait déposer sur le rocher, on monte ou on traverse jusqu’à la chute dans l’eau. Pendant que d’autres moins motivés, font des courses avec les tortues en snorkling.


Noé se prend pour Chris Sharma….. avant la chute.
Il y a de l’ambiance sur les barquasses….. Good job, Read !


Un GRAND MERCI à Bill et Kim pour toutes les voies ouvertes et le partage de leur passion sur les falaises et les sentiers du sultanat.