vendredi 29 mai 2009

The Big Snake Canyon

Ca faisait longtemps qu’on ne s’était pas fait une vraie descente de canyon avec les combis, les cordes de rappel, les baudriers, les sauts, l’eau froide, les nages dans les estrechos genre Sierra de Guara… Bref, un canyon comme ceux que l’on connait en Europe !

Depuis un bon moment déjà, on lorgne sur celui là. On ne compte plus les fois où on a emprunté la piste abrupte qui le domine dans le Wadi Bani Awf pour rejoindre notre spot de grimpe de Sharaf Al Alamein. A Noël, on avait déjà tenté de le remonter avec les cousins et on s’était heurté à une cascade infranchissable sans l’aide d’une corde. On avait aussi envoyé nos copains de passage l’observer d’en haut en faisant la via ferrata qui le surplombe avec ses 4 tyroliennes impressionnantes.


Dans son nom, tout est dit : pour le BIG, c’est juste qu’il est bien plus long (3 heures de descente) que le Petit Snake Canyon que l’on avait exploré 8 mois plus tôt.


Du SNAKE, on ne retiendra que le coté sinueux même si au départ on s’est retrouvé nez à nez avec ça….


Encourageant de savoir que ces sympathiques bestioles nagent sous l’eau… Une chance que l’eau soit plutôt sombre et que le soleil soit rare dans le canyon, car au moins, on ne les a plus croisé.
Le Grand Snake Canyon se descend facilement avec des parties de marche dans des blocs ou dans l’eau, des nages dans les estrechos et surtout 2 rappels.
Un petit de 5 mètres tout d’abord (un piton en rive gauche, sur la gauche d'un bloc) mais qui peut se désescalader en rive droite (délicat si humide).

A partir de là, il n’existe pas d’échappatoire au fil de la descente.

Puis un second rappel beaucoup plus long (40 mètres) qu’il vaut mieux fractionner en deux. Nous n’avons pas trouvé les 2 spits en rive droite, et nous avons laissé une sangle et un anneau sur un bloc qui ne résisteront sans doute pas à la prochaine crue.

L’eau n’est pas très claire et devient de plus en plus croupie au fil de la descente. On ferme bien la bouche pour traverser à la nage la dernière grande vasque d’une cinquantaine de mètres qui passe sous une grotte. Et surtout, on ne s’affole pas comme Charline, quand on se retrouve en brasse coulée entouré d’objets flottants non identifiés qui vous effleurent dans l’obscurité. Un conseil : déconnecter le neurone et faire un « reset » sur le serpent du départ.


Au bout de 3 heures, on est heureux de retrouver la lumière chaude du soleil et d’apercevoir à nouveau un coin de ciel bleu tant les parois du Snake Canyon sont étroites.


Un spécial « Thanks » à Christian pour nous avoir rejoint à l'autre extremité pour faire la navette de voiture et à Luc pour avoir renforcé l'équipe des adultes.

mercredi 20 mai 2009

Le cauchemar de Dubaï

NON, NON, pas ça…. NON…..

Pas de tours de verre pharaoniques de près d’un kilomètres de haut qui transpercent le ciel, pas de bâtiments démoniaques imaginés par des architectes à l’esprit torturé, pas de cités de toc et de kitche de mauvais goût construites à la va-vite par des promoteurs sans âme, pas ces immenses malls d’1,1 millions de mètres carrés, hyper concentration de la surconsommation, pas ces îles artificielles représentant la carte du monde ou en forme de palmiers, pas ces invitations à investir et à consommer des produits de luxe qui dégoulinent des affiches, pas ces monstres vrombissants aux vitres tintées qui n’ont encore rien compris au développement durable, pas ces autoroutes à 10 voies qui s’entrelacent indécemment, pas ces innombrables chantiers de travaux titanesques et sans fin qui exploitent la misère humaine……
Le tout dans un nuage de poussière et de ciel brouillé…… NOOOOOOON, pas ça…..




C'est pas nous...... Je vais me réveiller….

Quand on passe à Dubaï, on se demande si on est toujours dans la réalité ou déjà dans les bras de Morphée. Si ce n’est pas un doux rêve, cela ressemble plutôt à un cauchemar futuriste qui parait déjà complètement obsolète. Un non sens en plein désert……

La « course au plus beau, au plus grand, au plus gros » n’a désormais plus d’avenir et le chantier Dubaï est en perte de vitesse.
Ici, le projet en construction de « Burj Dubaï », la tour la plus haute du monde avec ces 800 mètres de haut (à noter juste la taille des « petits immeubles » en construction à coté qui font quand même une cinquantaines d'étages !). Et quand le vent se levera, ça peut pencher ?

Un projet déjà dépassé, puisque la concurrence a prévu à l’autre bout de la ville un gratte-ciel de plus d’un kilomètre de haut à l’horizon 2014 et même d’1,6 km en Arabie Saoudite ! Là, avec le vent, cela risque de drôlement pencher !!!! Du délire mégalomaniaque…. Qui peut être ne verra jamais le jour.


En effet, ce monde artificiel a pris la crise mondiale en pleine figure et ce n’est plus vraiment « in » d’investir "in" Dubaï. Du coup, on circule dans une ville où tout est en chantier mais on est loin de l’effervescence d’il y a à peine 8 mois. Aujourd’hui, les constructions semblent presque à l’abandon.


On contemple ahuris la succession de ces grattes ciels de béton et de ferrailles, aux murs béants, sans vitres et sans ouvriers. Avec la crise financière, des milliers d’expatriés du monde entier ont quitté du jour au lendemain ce « paradis » artificiel en abandonnant à l’aéroport leur 4x4 de luxe et leur Porche Cayenne. Affaire à saisir pour qui oserait encore investir ici !


Personnellement, j’ai vraiment du mal à comprendre l’engouement pour un tel monde irréel et clinquant. La surconsommation, le monde du luxe, l’ineptie écologique, tout cela est tellement loin de nos valeurs à nous. Ce crochet de 3 heures, en rentrant de notre escapade au Musandam, aura eu le mérite de susciter questionnements et interrogations sur l’avenir délirant d’une partie du monde.


En arrivant sur Mascate ce soir là,
l’impression « de rentrer chez nous » n’a jamais été aussi forte et je crois qu’on a redécouvert le plaisir de contempler cette petite capitale à échelle humaine où les immeubles ne peuvent pas dépasser 7 étages (décision sage de sa Majesté le Sultan Qaboos).
Où les fleurs et les oiseaux se rencontrent à chaque coin de rue,
Et où quotidiennement, le chant de dizaines de mosquées de quartier fait vibrer la ville entière.
On a soudain été saisi d’une bouffée d’envie de simplicité et de nature….
Allez, on oublie le cauchemar. Demain, on file à la crique et on nage avec les tortues…..

samedi 16 mai 2009

4 jours au Musandam


A la fois, c’est trop, et ce n’est pas assez….
Trop, car une fois sur le bout de cette péninsule omanaise isolée du reste du pays, on ne sait plus très bien quoi faire lorsque l’on n’a pas de bateau car il n’y a plus de route.
Pas assez, car quand on a gouté aux balades en dhows, aux poursuites des dauphins et au snorkelling avec des raies Manta, on a du mal à se dire qu’il faut rentrer sur Mascate et reprendre le chemin de l’école et du boulot.

Le Musandam, c’est la région du contraste entre mer et montagne. Tout un périple déjà pour y aller : 7 heures de voiture avec des tampons qui colorient les passeports pour passer les frontières des Emirats Arabes avant de rentrer à nouveau dans l’enclave omanaise, au bout de la péninsule arabique qui referme le célèbre Detroit d’Ormuz, face à l’Iran.

Puis une ville au bout de la route, Khasaab, son port de pêche et ses mosquées…..


Et son fort, symbole incontournable de l’Oman.



Musandam : coté mer

Khasaab est le point de départ des croisières touristiques en boutre traditionnelle omanaise, le Dhow, qui circule entre les fjords.

Comme tout bon retardataire grenoblois que nous sommes, nous avons droit à une petite navette rapide pour rejoindre notre Dhow.


A chacun son style de conduite : décontract ou.....

Plus crispée.

L’ambiance est paisible, le paysage est à couper le souffle.



Nos calanques marseillaises ont de la concurrence….. Regard envieux vers les falaises majestueuses où le potentiel escalade est sans doute le plus prometteur de l’Oman. Aucune route pour accéder aux fins fonds de ces fjords, juste des bateaux qui se faufilent pour trafiquer avec l’Iran ou pour accéder aux villages reculés en bord de mer.
Juste un clic sur la vidéo ci-dessous pour une mini balade en dhow.


Et puis, tout à coup, des pirouettes au dessus de l’eau et une famille de dauphins qui veut jouer à « course poursuite » avec notre bateau. Pendant de longues minutes, ils se laissent glisser dans les sillons excités par les remous du moteur. Puis ils disparaissent dans les profondeurs.



Silence…. chacun retient son souffle et scrute à nouveau l’horizon en quête d’une nageoire dorsale. Abdulah, le skipper, siffle…..Les dauphins reviennent se frotter à la coque et reprennent leur course folle ponctuée de sauts et de pirouettes.

Le dhow dans les fjords du Musandam, c’est aussi et surtout le moyen d’aller faire du snorkelling pour se « gaver » de la clarté lumineuse des fonds marins, se glisser lentement et incognito au milieu d’un ban de poissons multicolores même pas effarouchés, surprendre une murène la bouche grande ouverte, laisser passer l’aiguillon d’une raie Manta sans bouger. Au fond de l’eau, le temps s’arrête. On sent juste le tempo de l’air qui passe à travers le tuba. J’adore.


Musandam : coté montagne

La seule route qui part de Khasaab en direction des montagnes est sans issue et ne permet pas de rejoindre Dibba sur la cote Est. Elle mène à une base militaire infranchissable pour de simples civils tels que nous. A plus de 1000 mètres d’altitude, on y découvre pourtant d’incroyables paysages qui tranchent avec la caillasse habituelle.
Une forêt d’acacias naturelle, qui a poussé par la magie de je ne sais quel miracle d’Allah.

Le grand plateau de Sayh, vert et cultivé, et où paissent de drôles de moutons poilus. En clignant de l’œil, on pourrait presque s’imaginer sur un plateau pyrénéen.

Des sommets à plus de 2000 mètres, à cheval entre la frontière omanaise-UAE pour un bivouac dominant le Golfe persique.

Des peintures rupestres, vestiges et témoignages d’une époque lointaine où les omanais des montagnes étaient nomades.
Des points de vue sur l’embouchure des fjords.

Ici, la seule route qui permet de descendre vers un petit port caché. Nous y serons témoins en pleine journée du trafic des marchandises avec l’Iran. Légal coté omanais, mais interdit coté Iran, ces flibustiers des temps modernes se retrouvent ici, avant de sauter dans leurs navettes pour un départ à grande vitesse vers un improbable rendez-vous secret en direction des cotes iraniennes. Ils y ramèneront des chèvres en échange de cigarettes ou de matériel électronique acheté à Dubaï. Ce jour là, ils nous ont bien fait comprendre que, dans l’immédiat, ils avaient autre chose à faire que de nous emmener faire une petite balade en mer. On n’a pas insisté…..


Avant, de reprendre la route vers les Emirats et Mascate, on découvre complètement par hasard, pour notre dernière nuit au Musandam, une petite crique cachée, qui abrite un cimetière de pêcheurs.

On plante nos tentes à coté de ces stèles toutes simples, juste un champ de pierres dressées, sans nom, comme le veut la tradition musulmane, qui s’hérissent face à la mer. On ne pouvait rêver une si belle demeure d’éternité, bercée par le roulis des vagues, pour ces hommes et femmes qui auront toute leur vie, vécu au coté de cette mer nourricière…..