samedi 16 mai 2009

4 jours au Musandam


A la fois, c’est trop, et ce n’est pas assez….
Trop, car une fois sur le bout de cette péninsule omanaise isolée du reste du pays, on ne sait plus très bien quoi faire lorsque l’on n’a pas de bateau car il n’y a plus de route.
Pas assez, car quand on a gouté aux balades en dhows, aux poursuites des dauphins et au snorkelling avec des raies Manta, on a du mal à se dire qu’il faut rentrer sur Mascate et reprendre le chemin de l’école et du boulot.

Le Musandam, c’est la région du contraste entre mer et montagne. Tout un périple déjà pour y aller : 7 heures de voiture avec des tampons qui colorient les passeports pour passer les frontières des Emirats Arabes avant de rentrer à nouveau dans l’enclave omanaise, au bout de la péninsule arabique qui referme le célèbre Detroit d’Ormuz, face à l’Iran.

Puis une ville au bout de la route, Khasaab, son port de pêche et ses mosquées…..


Et son fort, symbole incontournable de l’Oman.



Musandam : coté mer

Khasaab est le point de départ des croisières touristiques en boutre traditionnelle omanaise, le Dhow, qui circule entre les fjords.

Comme tout bon retardataire grenoblois que nous sommes, nous avons droit à une petite navette rapide pour rejoindre notre Dhow.


A chacun son style de conduite : décontract ou.....

Plus crispée.

L’ambiance est paisible, le paysage est à couper le souffle.



Nos calanques marseillaises ont de la concurrence….. Regard envieux vers les falaises majestueuses où le potentiel escalade est sans doute le plus prometteur de l’Oman. Aucune route pour accéder aux fins fonds de ces fjords, juste des bateaux qui se faufilent pour trafiquer avec l’Iran ou pour accéder aux villages reculés en bord de mer.
Juste un clic sur la vidéo ci-dessous pour une mini balade en dhow.


Et puis, tout à coup, des pirouettes au dessus de l’eau et une famille de dauphins qui veut jouer à « course poursuite » avec notre bateau. Pendant de longues minutes, ils se laissent glisser dans les sillons excités par les remous du moteur. Puis ils disparaissent dans les profondeurs.



Silence…. chacun retient son souffle et scrute à nouveau l’horizon en quête d’une nageoire dorsale. Abdulah, le skipper, siffle…..Les dauphins reviennent se frotter à la coque et reprennent leur course folle ponctuée de sauts et de pirouettes.

Le dhow dans les fjords du Musandam, c’est aussi et surtout le moyen d’aller faire du snorkelling pour se « gaver » de la clarté lumineuse des fonds marins, se glisser lentement et incognito au milieu d’un ban de poissons multicolores même pas effarouchés, surprendre une murène la bouche grande ouverte, laisser passer l’aiguillon d’une raie Manta sans bouger. Au fond de l’eau, le temps s’arrête. On sent juste le tempo de l’air qui passe à travers le tuba. J’adore.


Musandam : coté montagne

La seule route qui part de Khasaab en direction des montagnes est sans issue et ne permet pas de rejoindre Dibba sur la cote Est. Elle mène à une base militaire infranchissable pour de simples civils tels que nous. A plus de 1000 mètres d’altitude, on y découvre pourtant d’incroyables paysages qui tranchent avec la caillasse habituelle.
Une forêt d’acacias naturelle, qui a poussé par la magie de je ne sais quel miracle d’Allah.

Le grand plateau de Sayh, vert et cultivé, et où paissent de drôles de moutons poilus. En clignant de l’œil, on pourrait presque s’imaginer sur un plateau pyrénéen.

Des sommets à plus de 2000 mètres, à cheval entre la frontière omanaise-UAE pour un bivouac dominant le Golfe persique.

Des peintures rupestres, vestiges et témoignages d’une époque lointaine où les omanais des montagnes étaient nomades.
Des points de vue sur l’embouchure des fjords.

Ici, la seule route qui permet de descendre vers un petit port caché. Nous y serons témoins en pleine journée du trafic des marchandises avec l’Iran. Légal coté omanais, mais interdit coté Iran, ces flibustiers des temps modernes se retrouvent ici, avant de sauter dans leurs navettes pour un départ à grande vitesse vers un improbable rendez-vous secret en direction des cotes iraniennes. Ils y ramèneront des chèvres en échange de cigarettes ou de matériel électronique acheté à Dubaï. Ce jour là, ils nous ont bien fait comprendre que, dans l’immédiat, ils avaient autre chose à faire que de nous emmener faire une petite balade en mer. On n’a pas insisté…..


Avant, de reprendre la route vers les Emirats et Mascate, on découvre complètement par hasard, pour notre dernière nuit au Musandam, une petite crique cachée, qui abrite un cimetière de pêcheurs.

On plante nos tentes à coté de ces stèles toutes simples, juste un champ de pierres dressées, sans nom, comme le veut la tradition musulmane, qui s’hérissent face à la mer. On ne pouvait rêver une si belle demeure d’éternité, bercée par le roulis des vagues, pour ces hommes et femmes qui auront toute leur vie, vécu au coté de cette mer nourricière…..

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