mardi 5 mai 2009

Entre mamans… tortues


Quinze longs jours de vacances à Pâque pour les enfants, une chaleur déjà bien plombante qui n’incite pas aux projets de voyage, Pierrot peu disponible et submergé au boulot…. Il va falloir trouver une idée pour occuper les zouzous après avoir écumé les diverses attractions de Mascate (piscine, plage, et musée des enfants….).


Depuis le temps, qu’ils me le réclamaient, je cède.

Direction le Sud vers la ville de Sur, 3 heures de voiture et la réserve des Turtles beach, de Ras-al-Jinz, avec une autre maman, Fabienne, et ses 3 enfants.

Petites paillotes sommaires dans le Nassem camp qui ressemble plus à un camp militaire qu’à un palace touristique omanais. Ambiance colo pour notre joyeuse bande ….



A 21 heures, on rejoint la réserve pour une visite en groupe sur la plage de Ras-al-Jinz.


Saïd, le guide donne ses consignes : « pas de bruit, pas de lampes, pas de photos ». Petite déception tout de même en arrivant sur le site : ce soir, on est près de 60 touristes, à venir découvrir par petits groupes de 15 personnes, l’incroyable aventure d’une maman tortue. C'est la rançon du succès....




La réserve naturelle de Ras al-Jinz a vu le jour en 1996 dans le but de protéger les tortues marines et leur environnement. Tout au long de l’année, cette réserve accueille l’une des plus importantes concentrations de tortues vertes de l’Océan Indien (plus de 30 000). On dit en effet que la majorité des tortues vertes qui parcourent cet océan seraient nées sur les cotes omanaises où elles reviennent pondre depuis des millénaires.

La Turtle beach de Ras al-Jinz est un lieu qui permet donc d’observer la ponte de ce géant des mers de façon encadrée. En haute saison (de juin à juillet), jusqu’à cent tortues peuvent venir chaque soir pondre sur la plage. On dit aussi, qu’avant la création de la réserve, on voyait régulièrement des touristes inconscients aveugler les tortues avec leur lampe de poche ou pire encore, grimper sur leur dos pour prendre d’amusantes photos. Conséquence inévitable de ces imbécilités : les tortues apeurées n’avaient pas d’autre choix que de retourner prématurément à la mer et d’y larguer leurs précieuses descendances vouées à une mort certaine. La survie des tortues vertes était donc menacée.

Les tortues vertes ou tortues géantes sont les plus grandes tortues de mer et leur taille adulte peut aller jusqu’à 1.2 m pour 200 kilos. Admirez la taille du mastodonte....




C’est seulement à partir de l’âge de 35 ans qu’elles atteignent l’âge adulte et qu’elles pourront enfin devenir maman. Et c’est là, que ce cycle de vie devient extraordinaire car les femelles reviennent systématiquement pondre sur la plage où elles sont nées. Comment arrivent-elles à se repérer et à parcourir des milliers de kilomètres dans l’Océan indien pour revenir sur le lieu de leur naissance ? Nul ne l’explique. Une fois qu’elles ont retrouvé leur plage natale, elles peuvent pondre jusqu’à 5 fois par saison et déposer ainsi des milliers d’œufs au cours de leur vie. Mais moins d’un bébé tortue sur 1000 survivra jusqu’à l’âge adulte.

Elles attendent systématiquement la nuit noire, pour sortir de l’eau et se hisser sur la plage. Même si elles savent respirer à l’air libre en remontant régulièrement à la surface (toutes les 2 heures), elles ne sortent jamais du milieu aquatique excepté pour la ponte.

Ce soir là, nous observons une énorme maman, qui après avoir creusé un trou de plus d’un mètre de profondeur, largue sans interruption 150 œufs gluants et mous.




Puis elle recouvre son trou car sa précieuse descendance doit demeurer enfouie pour une cinquantaine de jours à l’abri des prédateurs (renard, crabe, oiseau). Saïd nous apprend aussi que c’est la température du sable qui déterminera le sexe des futures tortues (plus elle est élevée, plus il y a de chance pour que ce soit des demoiselles).
Au bout de deux heures de mise bas, retour à la mer....


50 jours plus tard : les petits sont sur le point de se lancer à leur tour dans la vie. Comme leur mère, ils attendent la nuit pour sortir en groupe et creuser pour atteindre la surface du sable avant de se précipiter vers la mer, attirés par la lueur de l’eau.







Ils vont alors nager sans interruption pendant près de 72 heures pour échapper aux prédateurs, et rejoindre des zones où ils pourront se nourrir de micros organismes puis migrer vers des mers lointaines jusque dans le Golfe d’Arabie ou en Mer Rouge.

Ce soir, nous accompagnons deux bébés tortues jusqu’à la mer en les guidant avec une lampe torche et en repoussant les crabes qui tentent de les attaquer. Ces deux là, au moins, auront déjà franchi la barrière de la plage.

Bon vent petites tortues, courage mes belles et rendez-vous sur cette plage dans plus de 35 ans….

Etant donné l'interdiction de prendre des photos la nuit dans la réserve, merci à Céline qui travaille là-bas de nous avoir si gentiment donné ces superbes images prises au petit matin.

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