mercredi 22 octobre 2008

Ils le font......

Au bout de deux mois dans un nouveau pays, le regard devient moins surpris, moins à l'affut, moins aiguisé..... On ne s'étonne plus de grand chose et on se laisse envahir par un sentiment de déjà vu et de banalité.

Ils sont tous habillés en blanc avec de drôle de turban sur la tête, c'est NORMAL. On ne parle autour de nous qu'en anglais, en arabe, en indi, c'est NORMAL. On ne descend jamais de sa voiture pour prendre de l'essence à 0,2 centimes d'euros car un paki remplie le réservoir à ta place, c'est NORMAL. Les devantures de magasins sont toutes très kitches avec de l'or et des paillettes, c'est NORMAL. Les paki et les indiens nous dévisagent toujours avec un air hébété et de grands yeux ronds, c'est NORMAL. Les omanais font des détours pour caresser la tête de Noé ou lui pincer les joues lorsque l'on se balade en ville, c'est NORMAL. Les indiens jouent à « collé-serré » dans les queues et ne supportent pas l'espace, c'est NORMAL. Des bancs et des guichets spéciaux sont réservés aux femmes dans les administrations, c'est NORMAL. La stagiaire de Pierre enfile en gant pour lui serrer la main, c'est NORMAL.



Les expats ne fréquentent que les hôtels de luxe et critiquent toujours le pays, c'est NORMAL.












Se faire klaxonner de tout coté dès qu'on prend le volant, c'est NORMAL. La mode pyjama pour les paki et la mode des années 70 pour les indiens, c'est NORMAL.







Nager avec des tortues qui font des arabesques sous l'eau comme avec des copines de natation synchronisée, c'est NORMAL. Marchander et discuter encore dans un charabia d'indglish pour un paquet d'épice ou un frigo, c'est NORMAL. Ne plus savoir ce qu'est une smart ou une twingo mais être blasé par les porches et les Lexus, c'est NORMAL. Acheter du chintoque et encore du taïwan qui casse à peine sorti de l'emballage, c'est NORMAL. Croiser un chauffeur de taxi qui mate un clip sexy en conduisant, c'est NORMAL......


Mais quoi ? On se réveille là-dedans ! Ici, il y a une quantité de choses qui ne sont pas NORMAL ! Et un tas de choses dont on n'a pas le droit de s'habituer.

Manquer chaque jour d'écraser les « futurs suicidés de la chance » par exemple. Le grand jeu des indiens consistent à traverser l'autoroute 2 fois 4 voies lorsque la circulation est bien dense et à la tombée de la nuit. INCH ALLAH !!! Il faut drôlement croire à son karma ou avoir compris que la vie ici bas à faire l'esclave des riches ne vaut pas grand chose. Tout au long de l'autoroute limité à 100 km/heure (point trop n'en faut, ils ont droit à une petite chance quand même), ils sont là, coincés entre les deux voies. En famille parfois, des beaux saris orange comme des petits drapeaux au milieu des deux files. J'y vais, j'y vais pas. Non, c'est pas vrai, dites-moi qu'ils vont pas y aller !!!! Mais si....... Le pied nu ou la tong glissante s'avance sur la chaussée et c'est parti pour une partie de zig-zag et d'aller retour. Et si Boudha ou Allah le veut, un grand éclat de rire et de grandes embrassades ponctuent le franchissement de la ligne d'arrivée. Ah, j'ai compris, le pare buffle du gros 4x4, c'est pour ça ?

ALLAH AKBAR aussi pour les petites poupées habillées de robe à froufrou rose ou les petites princes en disdasha et kouma miniature qu'on empile dans les voitures sans ceinture sur les sièges arrières, toujours debout et dos à la route pour mieux faire coucou à travers la vitre, entre les jambes de papa qui conduit sur l'autoroute ou à la place du « mort » alors que maman est à l'arrière.

La campagne sécurité routière, on ne connait pas encore. La mortalité infantile sur la route, non plus. Les enfants comme les « futurs suicidés de la chance » ne sont pas comptabilisés dans les chiffres officiels des accidents de la route.... C'est OMAN1 !


1Heureusement, et vous le comprendrez, je n'ai pas de photos pour illustrer mon « petit coup de gueule » comme l'appelle Pierrot. Mais bon, c'est juste pour dire que tout n'est pas si paradisiaque en Oman et que lorsque l'on est à l'étranger, par respect pour le pays aussi, on est en droit de garder l'esprit critique....

mercredi 15 octobre 2008

Prince et Princesses



A Mascate, on n'échappe pas à la traditionnelle sortie au Souk. J'ai d'abord testé avec une copine sans les enfants puis j'ai emmené mes petits princes déambuler au Souk de Mutrah, le quartier ancien de Mascate. Il se trouve en face du vieux port, au milieu d'un quartier traditionnel où on compte presque plus de mosquées que d'habitations.


Comme tout souk des pays arabes, on y trouve de tout : de l'encens de Salalah1, aux tenues traditionnelles omanaises et indiennes en passant par les parures de bijoux en or dignes des reines de Sabbat.


Aussitôt, mes zouzous se sont fait happer dans les boutiques par les marchands qui les ont déguisées en petits omanais.



Romane a dit « non » quand on lui a proposé une tenue de danseuse du ventre avec décolleté plongeant et mini jupe ornée de pièces d'argent et strass « Faut pas exagérer, a t'elle dit, ici, c'est quand même pas facile à mettre !!! » « Correct» a quand même reconnu le marchand indien en faisant « non » de la tête.... Ah, le dodelinement de tête des indiens pour dire « oui », je ne m'y fais pas....

Charline a craqué pour la traditionnelle abaya mais a refusé le voile noir intégral. En ne voyant que ses yeux dépasser dans le miroir, elle a fait la grimace. Aujourd'hui, elle est devenue la pro de la famille du nouage de voile...



Quand à Noé, il a disparu avec un groupe de marchands qui l'ont fait passer de boutique en boutique vêtu de sa disdasha. Lui demander « How are you ? », pour l'entendre dire de sa petite voix fluette« Fine, thank you », tout en se laissant remettre la kouma en place, était un bon prétexte pour lui toucher la tête. Notre petit « prince porte bonheur » reste le chouchou des omanais et des indiens.









1Ville du Sud du Pays

vendredi 10 octobre 2008

Kitchissime


Hi, Hi.... Pour rigoler un peu, voici quelques images qui vous prouveront combien le pays nous a changé..... du moins coté mode.


Pour mieux s'intégrer, on a opté pour la mode « kitchissime » le temps d'une soirée déguisée. C'est classe, c'est frime, ça brille partout.



Et le pire, c'est que les indiens s'habillent comme cela tous les jours ! Autant dire qu'on a bien rigolé à fouiner dans les dédales de Ruwi (le quartier indien) pour dénicher ces perles du bon goût. Heureusement, on n'était pas tout seuls à craquer pour cette nouvelle mode !


Maillot ou pas ?

Telle est la question posée chaque fin d'après midi par les enfants. L'école se terminant à 13h30 au plus tard, cela nous laisse pas mal de temps pour profiter de Mascate et de ses alentours. Scotchés par la chaleur et les devoirs, nous émergeons généralement vers 16 heures pour une activité découverte.





Notre spot favori est une petite crique au milieu des rochers à environ 10 minutes de la maison. On l'a surnommé « notre private creek » car nous y sommes toujours tous seuls, à part quelques rares pêcheurs indiens sur les rochers et quelques omanais qui se promènent sur la plage d'à coté. Pour la baignade et le snorkelling, c'est notre petit paradis. On sait désormais vers quel rocher on peut trouver tels types de poissons. En moins de 5 minutes, chacun est équipé de son MPT (masque, plame, tuba) et c'est parti pour une heure de féérie sous marine. Ça grouille de vie là dessous !!! C'est fabuleux de couleurs et de grâce cet univers en mouvement. Parfois, cela fait un peu peur aussi quand on se retrouve nez à nez avec une murène qui fait plus d'un mètre de long !! Mais on s'habitue.....






A présent, le grand jeu consiste à faire des courses poursuites avec les tortues qui ne sont pas très farouches. A la tombée du jour, on se poste pour voir émerger leur tête de l'eau et aussitôt, on les prend en chasse en nageant à leur vitesse sans les stresser. « On dirait qu'elle vole sous l'eau » a observé Romane, ravie d'arriver maintenant à caresser leurs écailles en nageant. Ce soir, on a encore eu droit à de sacrés cris d'hystérie dans l'eau en croisant la route d'un énorme poisson coffre hérisson aux yeux globuleux, et en titillant les antennes de 4 langoustes géantes. On n'a pas fini d'être étonnés mais il faut quand même reconnaître que ce qui semblait extraordinaire il y a à peine 15 jours, devient de plus en plus banal.....

dimanche 5 octobre 2008

« Les ponts au ptit pinceau »



« Maman, ça me fait trop mal au cœur de passer à coté des ponts au ptit pinceau. Si j'étais omanais, je ferais jamais cela. Je donnerais un billet d'avion aux ponts au ptit pinceau pour qu'ils rentrent dans leur pays retrouver leurs femmes et leurs enfants. Et je leur donnerai plus d'argent au lieu de me payer des gros 4x4 ! » s'est ce que dit régulièrement Noé en rentrant de l'école.


Dès le premier jour, ils les ont aperçu partout dans la ville et ils les ont surnommé « les ponts au ptit pinceau » car ils ont tout de suite remarqué qu'ici, on construisait d'immenses infrastructures routières ou immobilières, et que ceux qui travaillaient sur les chantiers avaient des moyens misérables. Ils sont pakistanais, indiens, indonésiens, bengalis.... jamais omanais!!


« Regarde, Maman, ils repeignent ce grand pont avec des tous petits pinceaux !!! » nous a dit Charline, le premier jour en regardant cette scène hallucinante. Mascate n'est qu'un immense chantier en construction et partout, on voit ces esclaves des temps modernes en rang d'oignon perchés en équilibre sur leurs échafaudages, dans leur combinaison bleue, le visage emmitouflé dans des tissus pour échapper à la poussière et au cagnard. Pas de répit pour eux : on bosse journée en continu même pendant Ramadan et on poursuit la nuit, à la lueur de petites lampes à pétrole. Ils vivent sur place, sur les chantiers, et tout au long des routes, on croise ces drôles d'hommes bleus couchés à même le sol, recherchant le moindre mètre carré d'ombre.





Et pendant ce temps, le flot des gros 4x4 luisants et climatisés circulent avec indifférence......





Depuis qu'Asharam, notre jardinier, nous a raconté qu'il avait laissé sa femme et ses 4 enfants au Pakistan pour venir travailler ici et qu'il ne rentrait jamais dans son pays, les enfants ont naturellement pris le parti des « ponts au ptit pinceau ». Désormais, les trajets voitures sont toujours ponctués par des exclamations du type « Oh, les pauvres !», « Ils me font trop pitié!! ». Et nous, nous avons pris hier soir, la décision d'acheter une tondeuse, pour éviter de voir la scène d'une dizaine de dos pakistanais courbés dans le jardin pour tondre notre pelouse aux ptits ciseaux !!!!

jeudi 2 octobre 2008

Eid Mubarak !


Eid Mubarak ! Eid Mubarak ! Tout le monde vous le dit.... Dans la rue, dans les magasins, dans les villages. C'est un peu comme si on vous souhaitait un « Joyeux Noël !» ou une « Bonne année !». C'était la fin du ramadan fin septembre : des vacances et des grandes retrouvailles familiales pour tous les musulmans pendant plus d'une semaine à manger de la viande, du Halwa1 et des dattes.

Pour nous, 3 jours d'exploration du pays et une bonne décompression pour Pierrot qui continue à ne pas toucher terre au boulot. Direction, le sud-ouest cette fois, et une panoplie du wadi composée essentiellement de l'équipement bivouac, escalade et via ferrata. Avec pour but entre autres, de rencontrer quelques uns des rares grimpeurs qui existent en OMAN.


1er jour : Grimpe au « Secret Canyon » à 1 heure de Mascate. Les falaises sont impressionnantes et les connaisseurs apprécieront. Sans avoir pris rendez-vous et presque par hasard, nous rencontrons sur le site LES CLIMBEURS d'Oman : Peter, un accompagnateur guide anglais, Hamza, un algérien et surtout un couple d'américains comme on les aime, avec des noms d'américains qui ne s'inventent pas « Bill and Kim », des sourires francs plein de bonne humeur, une connaissance de la France et des Alpes qui laisse sans voix.... Vais-je enfin faire quelques progrès en anglais et améliorer mon "indiglish" quotidien ? Thank you Kim.....
On a vraiment de la chance, car c'est eux qui ont joué de la perceuse à percussion sur presque tous les sites d'escalade du coin et qui restent les seuls équipeurs dans le pays à l'heure actuelle. On n'a plus qu'à se laisser guider et découvrir les plus belles voies du site. On oublie la chaleur et la flemme qui va avec, et on enchaine les « Goat dancing », « Skatebite » et autre « Jebel apparition »..... Le rocher est fabuleux : sculpté avec des prises très crochetantes.



















Les premières escalades omanaises sont prometteuses et grâce à Bill et Kim, les grimpes des weekends suivants nous le confirmeront.

2ème jour : Remontée du « Little snake canyon », à pied, à la nage, en sautant... et sans serpent. Enfin, euh....pas encore vu.... ce jour là ..





















L'après midi, la route impressionnante spécial 4wd traverse les montagnes et les palmeraies et surplombe la profonde faille du Wadi Bani Awf dit le « Big Snake Canyon ».
Qui pense encore qu'au sultanat d'Oman, il n'y a que du désert ? En fait, si c'était le cas, on ne serait pas venu s'expatrier ici !!!
La gorge du Big Snake Canyon



Des paysages de montagnes à couper le souffle

























Et toujours des palmeraies luxuriantes



3ème jour : Bivouac mémorable au sommet du Jabal Shams et via ferrata du même nom. Avant hier, on était avec les américains, aujourd'hui, c'est l'ambiance « Grand Canyon du Colorado ». Sur le plateau du Jabal Shams (la montagne du soleil - 3000 m), on ne se lasse pas de vous faire partager nos bivouacs face aux montagnes. Ok, ok, cela fait un peu pub pour Décathlon ou pour Toyota ? Mais bon.....




On y rencontre des enfants qui nous vendent des bracelets brodés et des grands-pères qui nous donnent des petits cailloux blancs. Noé passera la soirée à tailler un bâton pour l'offrir en échange au papy omanais. Malheureusement, on ne le croisera pas le lendemain au village.

































La balade en balcon pour rejoindre le village abandonné et la via ferrata qui permet de remonter sur le plateau (au fond du cirque sur la photo) donnent le vertige des grands espaces.



Eid Mubarack à tous !!!


1Pâtisserie traditionnelle omanaise