lundi 23 mars 2009

Minéral 3 : l’île de Masirah.


Il est déjà 18 heures et en s’approchant du semblant de port glauque et inanimé, nous doutons d’arriver à traverser ce soir. Mais c’est sans compter sur notre petite étoile filante du désert, celle à qui chacun a pu confier ses vœux cette nuit. A peine sur le quai, nos 4x4 sont immédiatement absorbés par le bac et aussitôt nous levons l’encre. C’est comme si l’équipage nous attendait pour partir !

Deux heures de traversée au milieu des chargements hétéroclites. Sur Masirah, on ramène tout : du bois, des chameaux, des chèvres, des frigos sans poissons…..















Les femmes au masque bédouin n’ont pas le droit de sortir des voitures mais elles nous interpellent par les fenêtres et offrent chips et gâteaux omanais aux enfants. Malgré ce masque qui referme le visage et qui n’invite pas au dialogue, on ressent chez elles ce besoin d’exister et de communiquer. Troublante sensation pour nous, femmes occidentales….


Très vite, Noé va baptiser Masirah, « l’île magique » car ce petit intermède hors du temps ressemble à un vrai paradis : on se croirait sur une plage des Seychelles grâce au subtil mélange des eaux turquoises, des longues plages de sable blanc où s’hérissent des pointes noires volcaniques. Pour notre fratrie, cela rappelle aussi notre plage enfantine du Cap Verga, où nous passions nos vacances lorsque nous vivions en Guinée.





Tous les ingrédients sont réunis pour un farniente sur la plage : brassées de coquillages, trophées de faune sous-marine, bains dans les eaux chaudes et translucides.






Eh les garçons, ça vous dit une bonne petite macération pendant quelques heures pour une cuisson à point !

Les 3 frangins (bis), version mer....



Nous avions pour projet de reprendre le bac le deuxième soir, mais notre étoile filante du désert en avait décidé autrement. Trop tard. Cette fois, le bateau s’éloigne sans nous en nous abandonnant sur le quai au milieu des dhows mais en compagnie de l'homme aux deux kandjars.





Heureux hasard ? En tous cas, nous sommes quittes pour une seconde nuit sur l’île.


En installant le camps, l’excitation monte lorsque nous découvrons d’étranges traces sur la plage : une large trainée qui vient de la mer et qui se dirige vers un grand trou régulier. C’est sûr, nous sommes sur une plage où pondent les tortues !

La nuit tombe, les enfants chuchotent avant de rejoindre les tentes après une dernière exploration infructueuse.

A minuit, Benoit, Isa, Valérie et moi repartons sur la plage pour une dernière balade nocturne. On marche à pas feutrés et sans lumière. Et soudain ! Elle est là ! Sous la clarté lunaire, on la surprend fragile et déformée par l’effort et la fatigue de cette aventure extraordinaire en milieu terrestre. Ce mastodonte de 120kg peine à creuser son trou où elle devra y déposer sa portée de 120 œufs.






Les enfants nous ont rejoints et nous l’observons en silence sous une lumière rouge pour ne pas trop la déranger. Les tortues marines reviennent toujours pondre sur la plage où elles sont nées même si elles vivent à des milliers de kilomètres de là. Elles attendent la tombée de la nuit pour quitter le milieu aquatique et se hisser sur la plage avec difficulté.


Inlassablement, ses nageoires creusent et au passage, nous aspergent de sable. Tout à coup, avec lenteur, elle s’éloigne de nous comme pour nous signaler que le trou qu’elle vient de creuser n’est qu’un leurre et qu’elle souhaite désormais que nous la laissions en paix. Le message est capté et chacun retourne à sa tente complètement émerveillés par cette incroyable rencontre nocturne.

Au matin, nous sommes réveillés par les cris de Valérie. A 40 mètres de la plage, une colonie de dauphins nous présente son show aquatique. Pendant près d’une heure, nous contemplons ce nouveau spectacle irréel et nous sommes bien convaincus que notre étoile du désert nous suit encore.

Tu as raison Noé, Masirah est bien une île magique….

dimanche 22 mars 2009

Minéral 2 : le désert du Wahiba Sands


Pour poursuivre la quête du minéral, nous nous devions de tenter la traversée du désert du Wahiba Sands.



Pour nous, un vrai petit défi de conduite sur sable sur près de 180 kms de long. Jusqu’ici, et comme la plupart des touristes que nous sommes, nous nous étions contentés des portes du désert. Cette fois, l’objectif est de franchir ce monde minéral où la roche s’est lentement érodée grâce au travail incessant du vent, pour laisser place à d'infimes particules de sable doux. Tableaux sans cesse en mouvement où, contrairement à ceux des plateaux montagneux de l’Oman, rien n'est figé.




Notre but : atteindre l’île de Masirah, plus au Sud.

Une véritable révélation pour certains de découvrir la conduite en surf sur les dunes. Au diable nos convictions écolo familiales : c’est promis, on ne le fera plus…..

Le désert, ça rend fou.... de joie.


Le volant passe de main en main et même, Noé, Antoine, ou Charline et son bras cassé, nous conduisent à travers les méandres des innombrables pistes sablonneuses.


Aux dunes orangées se succèdent celles plus ocres et dorées où un acacias semble s’être malencontreusement égaré.


Comme d'autres d'ailleurs ?



Au bivouac, on ne coupe pas à l'inévitable séance de Taï-Chï quotidienne pour nos méditateurs voyageurs. Y a pas à dire, décidément, le désert est source d'inspiration ....



On ne cachera pas que ce que l'on aime aussi, c'est le silence de la nuit sous un ciel traversé d’étoiles filantes. Riche des enseignements du « Maitre Bertrand », lors de notre précédent voyage, Noé décrit avec fierté la constellation des Pléiades avec le A d’Aldébaran. « Et là Noé, c’est quoi cette étoile qui bouge ? »…. « Euh, je crois que c’est Turkich Airlines… ».




Au petit matin, la vision d’une apparition souriante drappée de noir, sortie de nulle part prolonge la magie d’une nuit dans le désert.


Après cette émouvante rencontre, nous abandonnons ce petit bout de femme bédouine à quelques kilomètres de là, dans ce no-man land de sable, au milieu de sa baraque de fortune, construite avec trois bouts de bois et quatre grillages.


Les points GPS nous trompent et les dunes deviennent infranchissables.






Moment de doute quand les deux 4x4 se retrouvent prisonniers du sable. Et cette mer qui n’est toujours pas en vue ? Nous allons rater le bac qui doit nous permettre de rejoindre Masirah….


On fait demi-tour, on tergiverse, on s’enlise, on sort les plaques de désensablement, on remet des points GPS, on se renseigne auprès des rares campements bédouins et enfin, on la voit : telle un mirage d’un bleu qui se confond avec celui du ciel : la MER, ses SALARS aveuglants et au loin MASIRAH, le but de notre voyage.




On the road again…..