Connaissez-vous les couleurs du drapeau omanais ? Eh, bien, depuis un mois, c'est difficile de l'ignorer. Tout le pays s'est mis au blanc, rouge, vert et une certaine ferveur s'est emparée des omanais qui arborent avec un patriotisme jovial les couleurs du pays. Même les villages les plus reculés se sont mis à la mode « Blanc, Rouge, Verte » et d'immenses voilures colorées recouvrent les pans des maisons et des toits.
La raison ? Depuis le 4 janvier, Oman accueille l'«Arabian Gulf Cup », l'équivalent de notre coupe européenne de football pour les pays du Golfe. Et quand on parle de foot en Oman, cela devient sérieux car c'est une vraie institution ici. On joue foot, on pense foot, on s'habille foot, on vit foot et chaque espace laissé libre en ville ou en campagne (plage, bande d'herbe entre les deux bretelles d'autoroute, place de village caillouteuse, désert de sable....) est prétexte pour créer un terrain de jeux avec mini cages portatives, qui s'anime dès le milieu d'après-midi jusqu'à la tombée de la nuit.
Bon, pour nous qui ne sommes pas du genre « footeux », il faut reconnaître qu'on l'est forcément devenu un peu, par solidarité et aussi par contagion. Au fin fond du pays, on aime maintenant dire aux gens qu'on vient d'une ville entre Marseille et Lyon, car là au moins, on est sûr d'être compris ; Ah, oui, « Zidane, OM, Olympique Lyonnais, good, good» ....
Au fil des jours, les voitures n'ont pas été épargnées par l'épidémie de Blanc, Rouge, Vert, et les vendeurs de stickers ont fait fureur. Coté tunning, les omanais ont déjà pas mal de talent, mais là, ils se sont surpassés.
En 15 jours, la maladie a vraiment gagné du terrain, car étonnamment, Oman a remporté tous les matchs. Koweït, Irak, Émirats, Qatar, les géants du coin se sont fait ratatiner par le petit club (entrainé par un français quand même !), gonflé à bloc par la fureur et l'engouement de tout un pays uni et toujours là, pour l'encourager. A chaque fin de match, crissement de pneus et klaxons font vibrer la ville pendant de longues heures.
Le 17 janvier, il ne restait plus qu'a battre l'Arabie Saoudite pour vraiment rentrer dans la cour des grands et remporter la 19ème Gulf Cup. Autant dire qu'on n'allait pas rater cela, entrainé par Noé, devenu un fidèle supporter de l'équipe omanaise.
Petit bain dans la marée des supporters en pleine crise d'épidémie aigüe : même les disdashas blanches ont viré au blanc, rouge, vert. On fraternise, on rigole, on nous offre des drapeaux omanais, un ballon de foot, on nous interpelle en anglais, on nous fait le signe de la victoire....
Pour une fois, les omanais se lâchent et sont véritablement transformés par la liesse collective, dans un pays où on n'a pas l'habitude des débordements. Jeunes adolescents, pères de famille, princes et paysans sont tous venus au stade « Sultan Quaboos »pour encourager l'équipe omanaise. Même quelques femmes vont rejoindre les gradins, arborant maquillages et voiles blanc, rouge, vert.
J'ai quand même un peu peur que tout cela ne dégénère et je préfère emmener les enfants regarder le match dans un bar-restaurant à coté de la maison pour éviter le rodéo des voitures à la sortie du stade.
Hurlements, embrassades, téléphone portable, crissement de pneu.......
Les supporters saoudiens aussi sont à fond et l'exitation est à son comble. Heureusement, l'ambiance est bonne enfant quand leur car nous dépasse.
J'ai quand même un peu peur que tout cela ne dégénère et je préfère emmener les enfants regarder le match dans un bar-restaurant à coté de la maison pour éviter le rodéo des voitures à la sortie du stade.
Ici, que des hommes affalés sur les banquettes en train de fumer la shisha avec des sifflets, des trompettes, du tamtam, pour une ambiance supporter bien chauffée. No women ? Only me.... Noé danse à chaque fois que les omanais attaquent même s'ils n'arrivent pas à marquer.
Petit pause rituelle pour écouter l'appel de l'imam pendant que certains courent à la mosquée pour implorer l'aide d'Allah.
Au bout d'une heure et demi : gloups, c'est le match nul et l'ambiance est tendue..... Chacun retient son souffle en marmonnant un verset du coran pendant les tirs au but.....
Hurlements, embrassades, téléphone portable, crissement de pneu.......
On a même droit à un beau « démarrage fumigène », un "burn" diront les habitués de cette technique qui fait fureur ces dernières semaines à Mascate et qui consiste à mettre de l'huile sur les pneus et à serrer le frein à main pendant qu'on accélère à fond. Belle fumée noire et odeur tenace de pneus brulés avant de partir à fond les ballons sur les jantes.
Le pic de l'épidémie Blanc, Rouge, Vert est atteint et la nuit de joie sera bruyante et embouteillée. Au matin, un décret du Sultan déclare la ville sans vie, terrassée par la maladie.....
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