samedi 8 novembre 2008

Wadi Suwayh ou Wadi Al Hail

« Wadi Suwayh ? C'est par là, à gauche..... ». C'est ce que nous indique en arabe un villageois après nous avoir invité à prendre la traditionnelle tasse de café. Refus poli car on est un peu pressé. Trois heures de marche pour remonter le wadi et trois heures pour le descendre, c'est juste en temps. On verra au retour.... et on traverse le village à pas de velours pour éviter une nouvelle invitation qui serait difficile à décliner.


Le topo n'est pas précis : « suivre le falaj à droite ou à gauche du Wadi ». Concentration d'équilibriste pour contempler l'eau pure et limpide qui défile entre nos jambes jusqu'à en faire tourner la tête.

On imagine le travail pour construire ces petits canaux qui serpentent au milieu des jardins et qui nous facilitent grandement la progression. Le falaj, c'est la « source de vie » en Oman.....Presque tous les wadis possèdent le leur, ce qui permet d'alimenter en eau les villages et les cultures en terrasse. Des milliers et des milliers de kilomètres de falaj partout dans le pays tel un écrin pour protéger cette eau précieuse dans cette terre si aride.....


Le cagnard tape fort et toujours pas de vasques d'eau ou de biefs profonds en vue comme on nous l'avait annoncé. Plus d'une heure de marche dans des blocs à contourner, escalader, desescalader, enfourcher, se « rétamer ».....C'est fatigant pour des petites jambes d'enfants.


Enfin une belle vasque d'eau pour récompense. Juste fermer les yeux et se laisser flotter. Les rouvrir et contempler l'immensité des falaises autour, qui nous surplombent, presque menaçantes.


C'est pas possible, on a du se tromper d'itinéraire ! Pierre, Marc et Serge poursuivent l'exploration pour arriver dans un espèce de bout de monde : un grand cirque qui referme le Wadi avec un semblant de village à moitié effondré et encore plus loin sur les hauteurs, un homme seul qui crie et appelle au loin. Un berger ? Étrange sensation d'isolement et de solitude.


Vivre seul avec ses chèvres aux confins du monde et de la société de consommation, comme aux temps de la préhistoire. Cela laisse songeur.....

De toutes évidences, nous nous sommes trompés de Wadi. Le topo du Docteur Khaled nous le confirme au retour. Il fallait prendre le Wadi qui partait à droite du village. Ah, on est un peu en pétard contre notre villageois ! Pourtant ce n'est pas lui qui nous a induit en erreur. Les rares renseignements glanés ci et là n'étaient pas précis sur le nom et c'est de là que vient la méprise. Le wadi avec des eaux profondes et limpides s'appelle Al Hail même si on l'appelle communément Wadi Suwayh. Le topo du Dr. Khaled nous donne une nouvelle info, et non des moindres. Il nous dit « dans le Wadi Al Hail, je n'ai jamais vu autant de serpents nulle part en Oman ». Gloups..... Je sens que la phobie de Pierrot refait surface et qu'il va falloir jouer fin pour le convaincre d'y retourner.

Quinze jours plus tard, deuxième tentative d'exploration. En famille (juste nous) cette fois. On évite le village et l'invitation pour un café qui va de soi, et on ne traine pas sur le falaj. On lance des « salamaleikoum » en détournant le regard des femmes dans l'intimité de la toilette du petit matin. On croise des visages étonnés de nous reconnaître et on serre des mains tout en caressant les chèvres, le pied en équilibre sur le bord du falaj à 2 mètres du sol.





OUAHOU..... Cette fois, c'est le bon ! Très vite, on découvre les vasques promises qui sont exceptionnelles. « Presque aussi beau que les canyons corses ! » concédera Pierrot car il faut savoir garder un brin de chauvinisme ! La réalité est que le Wadi Al Hail est tout simplement majestueux de beauté et pendant les 3 heures de remontée, on en prend plein les mirettes.


Du bleu, du vert, de l'émeraude




On est tout excité et Noé se jette dans les traversées de grandes vasques pour nous prouver qu'il a fait de grands progrès en natation. « Regarde Papa, j'arrive à faire 80 mètres comme dans la piscine ».


« NOEEEEE, STOPPPPPP ! » hurle Pierrot, juste avant que Noé n'agrippe le rocher pour remonter. A quelques mètres de sa main, un long fil noir qui ondule, posté à l'affut des grenouilles et des petits poissons près de la cascade. Une bonne frousse rétrospective et un petit aperçu de ce que nous réserve la suite..... Changement d'attitude : on arrête de faire n'importe quoi. Désormais, on ouvre les yeux et on regarde où on pose les mains et les pieds pour progresser en file indienne derrière « papa ». ½ heure plus tard, c'est moi qui invite toute la troupe à faire demi tour à la nage, car je viens de voir un autre serpent légèrement plus gros, se glisser lentement dans l'eau à notre approche !!!! Romane et Charline d'un seul cri aigu : « Maman, est-ce que c'est un anaconda ? »......... Ssssssss, cela devient intéressant....


En discutant avec Dr. Khaled le lendemain, il nous apprendra que selon lui, les serpents que nous avons rencontré ne sont pas très dangereux et même s'ils nagent sur et sous l'eau, ils ont du mal à mordre dans l'eau.....Regloups ! C'est juste ce que que l'on avait envie d'entendre ! Résultat des courses : 4 serpents pour un seul Wadi, de quoi faire quelques cauchemars la nuit suivante....


Le serpent de Noé qui maitrise presque la technique du nœud en 8.
Et d'autres habitants plus sympathiques des Wadis : les gracieuses libellules rouges ou bleues.





Sur le chemin du retour, on oubliera très vite ces mauvaises rencontres pour ne retenir que le sourire illuminé du villageois, lorsque Pierrot lui offrira sa corde d'escalade rose fluo pour attacher ses deux ânes.

On ne connait pas ton nom, mais c'est nous qui te disons « shoukran» de nous avoir laissé explorer ces deux trésors cachés..... On reviendra et cette fois, on prendra le temps de partager un café.

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