mercredi 10 décembre 2008

Le sacrifice de l'Eid El Adha


Il y a des jours, on s'en veut vraiment de ne pas se balader tel un touriste, avec son appareil photo en bandoulière, prêt à mettre en boite des scènes uniques et si particulières en Oman. Ce mardi 9 décembre était un de ceux-là. Grand jour de fête pour les musulmans puisque il s'agissait de célébrer le Grand Eid, la grande cérémonie du sacrifice.

L'explication de cette fête viendra de Romane au retour de l'école : « Au cours d'un rêve, Ibrahim accepte de tuer son fils Ismaël comme le lui commande Allah. Le lendemain, il se rend au sommet de la montagne pour accomplir sa mission. Mais au dernier moment, Allah envoie un mouton pour remplacer l'enfant comme offrande sacrificielle ». C'est donc en souvenir de cette soumission totale d'Ibrahim à Allah, que les familles musulmanes sacrifient ce jour là, un mouton, une chèvre ou une vache, en l'égorgeant, couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers la Mecque.

Comme pour toutes les fêtes religieuses musulmanes, la date officielle n'est fixée que la veille par les autorités religieuses. Mais si la date du grand sacrifice était encore incertaine quelques jours auparavant, on ne pouvait ignorer que Mascate s'était subitement transformée en une immense bergerie, retentissant de cris et de bêlements incessants.

Le jour J, le langoureux et lancinant appel à la prière de 5 heures du matin était chargé de tout un symbolisme. Après la longue prière de l'Eid qui a suivi, Mascate (comme tout le reste du pays et de la péninsule arabique) est alors devenue le théâtre d'une immense boucherie. Les couteaux, préalablement aiguisés ont tranchés têtes et pattes pour laisser s'écouler le sang le long des trottoirs et des maisons.


Nous étions dans notre lit et nous n'avions pas envie d'assister au carnage malgré l'appel insistant de l'imam qui nous tenait réveillé. Et nous n'avons quitté la maison que vers 10 heures pour éviter de nous retrouver confronter à un tel spectacle.

Pourtant, en déposant les filles chez une de leurs amies dans le quartier plus populaire d'Al Gubrah, Noé et moi avons été invités par des hommes, à rentrer dans la cour d'une maison omanaise.
Ici, à l'aube ce matin, c'est une vache qui fut le symbole du sacrifice à Allah. Et maintenant, il ne reste d'elle que d'immenses bassines pleine de viande, de graisse et d'os, où femmes et hommes en habits de fête colorés, assis à même le sol, s'acharnent à dépecer, couper, sectionner. Nous sommes accueillis par de chaleureux « salamaleikoums » et « Ahlan wa sahlane 1» et aussitôt, le chef de la maison remplit un grand sac plastique de morceaux de viande pour nous l'offrir. Les pieds baignant dans de visqueuses flaques de sang, le cœur au bord des lèvres, chavirés par l'odeur de chair fraiche, nous balbutions des «shoucran» et des « Eid mubarack », pendant que les femmes nous répètent « Halal, halal.... » avec des francs sourires de joie. La fête va être belle, c'est sûr.

Encore quelques pas à reculons pour franchir le seuil de la porte en évitant les flaques rouges et direction la plage en face de la maison pour chasser la nausée. Besoin de laisser l'air entrer à plein poumon....
Horreur ! La plage s'est transformée en un drôle de charnier qui expose au choix, peaux de vaches, têtes, queues, boyaux, viscères...... Des dizaines d'entrailles abandonnées aux mouettes. La marée monte et peu à peu les vagues avalent les traces du carnage. Des vaches entières se mettent à flotter ne laissant dépasser que leurs cornes.....
Vous reprendrez bien une merguez ? ou un boudin aux pommes ?


Et que diriez-vous d'une descente de lit en peau de vache ?



En rentrant à la maison, on aiguise à notre tour le couteau et on transforme notre cuisine en arrière salle de boucherie pour tenter de découper nos cadeaux de l'Eid El Adha.
Le dégout ne nous a pas quitté et Pierrot et moi, sommes obligés de nous relayer. Au repas, on tente avec difficulté d'avaler trois morceaux de viande et on n'a pas besoin de se parler avant d'aller jeter le tout à la poubelle : Et la tribu des Wadis, vous ne seriez pas en train de devenir végétarien

1Bienvenue

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